jeudi 18 juin 2015


Jurassic World
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Tout le monde n’est pas Steven Spielberg, voilà ce que dit Jurassic World. Tout le monde n’est pas capable de faire un film à partir d’une seule idée. Ou comme disait Kubrick : d’incarner une idée. Ici une seule idée : le parc est devenu un parc d’attraction géant ; un parc qui, enfin a réussi. Se moquer de l’obsession américaine – et désormais mondiale – pour les theme parks, voilà qui suffirait à Steven Spielberg quand il faisait encore des films fun, dont Jurassic Park – Le Monde Perdu fut la dernière incarnation, et peut-être le chef d’œuvre.

Mais bon, cette idée de parc à thèmes, c’était déjà peu ou prou* l’idée de Jurassic Park ; la photocopie de photocopie de photocopie est forcément bien pâle. Ça n’avait pas empêché Spielberg de faite quelque chose du Monde Perdu. Mais ce n’est pas l’illustre inconnu Colin Trevorrow, et son maigre sous-texte « Guerre en Irak » qui y arrivera.

Trevorrow essaie laborieusement d’extraire l’ADN de cette idée jurassique pour en faire un film, comme le savant fou essaie de créer de nouveaux dinos à partir d’une goutte de sang prise dans un moustique lui-même fossilisé dans une goutte d’ambre.

Mais c’est là qu’il faut du talent. A ce moment précis, où on frôle le nanar : une idée débile peut faire un film génial, quand on s’appelle Spielberg ou Hitchcock. Mais ici, une seule blague au milieu des dialogues consternants** (rappelons-nous des saillies géniales de Jeff Goldblum***), des acteurs moches, à commencer par l’héroïne, et un scénario qui se contente de recycler plan par plan les idées du grand Steven.

Comme disait un proverbe arabo-tchequo-chinois, « Celui qui marche dans les traces de l’autre ne laisse pas de traces. »

* sauf si l’on considère – théorie intéressante – que Jurassic World est une métaphore du cinéma US au bord de l’implosion ; le vieux Jurassic Park (cf. la fin) triomphant du nouveau Jurassic World génétiquement modifié ; le premier sequel affirmant haut et fort qu’il ne vaudra jamais l’original.

** comme ça, vous n’avez pas de mal à l’identifier…

*** Dr. Ian Malcolm: God creates dinosaurs. God destroys dinosaurs. God creates man. Man destroys God. Man creates dinosaurs.
Dr. Ellie Sattler: Dinosaurs eat man. Woman inherits the earth.


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