dimanche 25 novembre 2012


Le Stratège
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Le baseball, Aaron Sorkin, Brad Pitt, Soderbergh (puis finalement Bennett Miller aux commandes), voilà une affiche alléchante. Les américains sont passés maîtres dans le film sportif, probablement parce qu’évoluant dans une société plus égalitaire, le mépris du sport qui règne dans nos contrées n’existe pas outre-atlantique. Hollywood ne rechigne pas à faire des films sur le sport, sa beauté, son ingérable dramaturgie. La France, qui a pourtant de belles histoires sportives à raconter (France 98, le Tour de France, Noah, Tabarly…), nous en prive depuis toujours. La faute à la bourgeoisie française, qui fournit son quota de réalisateurs, et, partant, ses préoccupations et ses sujets.

Ici, Le Stratège entre dans cette longue lignée de film sur le baseball, mais amène un truc en plus, une modernité troisième millénaire qui est son principal atout : un film intelligent, subtil, pas si empathique que ça avec son héros. Un antihéros, plutôt : Brad Pitt est Billy Beane, ex-grand espoir du national pastime, mais qui a raté sa carrière de joueur et est devenu manager général des Oakland Athletics, les A’s. Problème : son équipe a un tout petit budget et chaque année, elle se fait piquer ses meilleurs joueurs par les Yankees ou les Red Sox.

Comment faire, alors, si ce n’est innover ? Au détour d’une négo pour acheter un joueur, il repère Peter Brand, un geek du baseball, qui connaît par cœur toutes les stats des 20 000 joueurs de la MLB. Uniquement à l’aide de ces chiffres, le stratège va bâtir une équipe moins chère, mais efficace. Avant, il devra combattre les réticences internes, les barons du baseball, les medias, et même sa propre famille. C’est la que Le Stratège est le plus intéressant.

Brad Pitt, qui prouve une fois de plus son immense talent, malheureusement masqué par son aura de star, incarne un Beane sympathique, mais pas plus que ça : un type entièrement centré sur son objectif, sans état d’âme, capable de virer un type en deux phrases.

Le contraire, somme toute, du mélo wagnérien façon Bruckheimer, Le Plus Beau des Combats, pourtant film-étalon du film sportif selon le Professore.

La bonne nouvelle là-dedans, c’est que la télé vient enfin régénerer le cinéma moribond, via Aaron « Maison Blanche » Sorkin. Le Stratège serait alors en fait être l’évolution naturelle du biopic, modernisé par l’inévitable Sorkin, qui ré-invente le genre après The Social Network avec ce motto : nous émouvoir sur le sort d’un connard génial.


2 commentaires à “Le Stratège”

  1. CineFast » Foxcatcher écrit :

    […] l’un des meilleurs films de ce début d’année. On avait oublié d’aller voir Le Stratège< en salle, malgré Brad Pitt, malgré Aaron Sorkin. Et notre dernier film sur la lutte […]

  2. CineFast » Steve Jobs écrit :

    […] Tout cela, le film ne le fait pas, évidemment. On assiste donc à un mauvais Sorkin, c’est-à-dire un Sorkin comico-explicatif qui marche ailleurs (A La Maison Blanche, The Newsroom). Mais Aaron Sorkin ne trouve vraiment son apogée que lorsqu’il est mélangé à un artiste qui a un véritable propos (le marxisme sournois de Fincher, ou l’étude de caractère chez Bennett Miller). […]

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