mercredi 20 juin 2007


Une polémique, une !
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Un lecteur nous écrit, et il n’est pas content ! Comme cet avis est enterré au fin fond d’une vieille chronique de 2006, nous la republions ici, agrémenté de la réponse du Snake et du Professore Ludovico.

Voici ce que nous écrit Decker :

Mes pauvres petits, il vous faudrait des siècles pour assimiler un film tel que “Le Nouveau Monde ne vais pas me rabaisser à vous dire que j’ai aimé (c’est un euphémisme) ce film. Non, je vais vous répondre que vos petites existences (c’est aussi un euphémisme) sont bien moindres en comparaison du bonzomme qu’est T.Malick. J’ai beaucoup de peine quand je lis vos critiques car elles reposent sur le vide intergalactique de vos vies. Avez-seulement conscience de la portée de vos mots ? Avez-vous seulement conscience que vous êtes, la plupart condamnés à rester passifs et à critiquer tout ce qui passe à votre portée ? Jamais de votre vie, vous ne prendrez d’engagement aussi semblable que celui de s’engager dans la voie ultra-risquée de l’Art. Jamais vous ne direz : “Personne ne m’a cru capable de réussir à devenir acteur, cinéaste, scénariste; et j’ai réussi. J’ai brisé toutes les barrières !r critiquer n’importe quel domaine; il FAUT FAIRE. C’est ce que vos petits esprits ne pourront jamais comprendre. Laissez les Magiciens FAIRE. Arrêtez de DISPOSER. Celui qui vous écrit est précisément un “acteursens propre comme au figuré. Il respecte les gens humbles de tous bords, pas les coloques de beaux-parleurs qui passent leur temps à tergiverser sur “la manière deus allez me dire que les artistes dépendent de Nous, simples individus ? Vous avez raison. Mais ne les prenez pas en otage, car EUX, ont pris TOUS les risques pour Eclater au grand jour. EUX, ont pris des décisions viscérales et sacrificielles pour arriver à leur fin; décisions dont vous n’aurez jamais conscience. EUX, sont dans la lumière; pas Vous. Vous en serez toujours au même point dans les siècles à venir et disposerez toujours des mêmes formules ultra-galvaudées que vous aurez auparavant maintes fois entendus et les répèterez inlassablement. La différence majeure entre Vous et EUX; c’est qu’ils savent QUI ils sont, et ce pourquoi ils sont faits.

C’est précisément Là tout le secret.

La réponse du Snake :

Oh là là ! Un moment, j’ai cru que Dexter nous avait repéré.

Celle du Professore Ludovico :

Tout d’abord, bienvenue, cher Decker ; enfin un contradicteur, enfin une polémique ! Comme disait Cerdic, le saxon du Roi Arthur « enfin un adversaire à ma taille ! »

Je vais d’abord répondre à ta QUESTION, Homme-Aux-Majuscules : oui, nous sommes des intermittents du spectacle frustrés, oui, nous avons des projets de scénario sous le bras, oui, nous avons été refusés par des grandes chaînes de télévision, oui, nous rêvions d’être Spielberg ou Ozu ! Evidemment ! Bien sûr ! Quand on aime le cinéma à ce point là, on finit par avoir envie d’en faire, non ?

Mais nous n’en avons point fait. Il y a donc probablement une dose de frustration dans nos critiques.

Mais ton analyse, développée par d’autres signatures prestigieuses (Patrice Leconte, pour ne pas le nommer), est au fond extrêmement pernicieuse. Parce qu’au final, qu’est-ce que cela veut dire ? Si on n’a pas de talent, on n’a pas le droit de parler d’un film ? Pas de compétence pour avoir un avis de spectateur ? Pas le droit d’avoir un goût ? D’aimer ceci et de détester cela ?

Toi-même, cher Decker, ne fais-tu pas la différence entre Terrence Malick et Max Pecas ? Pourtant, à ma connaissance, ta carrière me semble mois prestigieuse que celle de l’immortel auteur de On se Calme et on Boit Frais à Saint-Tropez. Est-ce à dire que tu n’aurais pas le droit de critiquer sa brillante et nombreuse filmographie ? Ne fais-tu pas la différence entre le Ridley Scott d’Alien et celui de GI Jane ? Entre le Malick des Moissons du Ciel et celui du Nouveau Monde ?

Pour ma part, j’ai adoré La Ligne Rouge et Badlands ; J’ai trouvé le Nouveau Monde faiblard. N’ai-je pas le droit de le dire ? Avec mon style, ma mauvaise foi ? Ne peut on dire que du bien des artistes ?

CineFast, c’est une bande de types qui ont chacun leur goût, chacun leur marotte, mais qui partagent un certain idéal, celui du cinéma américain bien fait.

Et qui continueront à défendre leur droit de dire du mal de ce qui ne leur plait pas.

Never give up, never surrender.


Un commentaire à “Une polémique, une !”

  1. FrameKeeper écrit :

    Bon c’est un très très vieux débat et le fait qu’il ne soit pas résolu pour Dexter (moi aussi j’aime bien snakes) prouve la pauvreté et l’amateurisme de la critique française..

    Remarque on a la critique et les séries TV qu’on mérite.
    Alors en deux mots, la critique est un « méta-langage », c’est à dire un discours de niveau 1 sur une chose niveau 0, qui ne peut se confondre avec la chose elle-même y compris si le niveau 0 est lui-même un discours.
    Pour mémoire, ce concept permet de résoudre le paradoxe du menteur qui dirait « Je suis un menteur ». La contradiction logique insoluble est résolue par la création des deux niveaux autonome et le menteur au niveau 0 peut dire la vérité au niveau 1
    Donc reprocher aux critiques de ne pas savoir faire la chose c’est nier la distinction des niveaux de langage et en sens toute possibilité de conscience de l’oeuvre puisque la conscience fonctionne comme un méta-langage ».

    C’est effectivement un peu « fasciste » pour employer un mot galvaudé, ou « Nieztchéen » par nostalgie du temps du sacré primitif où l’on pouvait faire les choses, et souvent les pires, dans une transe paralysant toute conscience et donc toute culpabilité…

    Pour ma part, je trouve piquant que ce soit justement un zélateur du gourou Malick, dont le job d’été est donc réalisateur à Holywood (c’est sur qu’en travaillant un mois par an, la filmographie avance peu), qui s’aventure sur un tel terrain: Malick a un rapport mystique et donc totalitaire au cinéma et il est fascinant de constater comment il a acquis son statut d’icone en renonçant à tout désir de cinéma…

    Ceci dit les faits sont têtus et comme le soulignait Camus, l’écrivain nihiliste qui se suicide pour attirer l’attention sur son oeuvre prend tout de même le risque qu’elle soit jugée mauvaise ou pire banale … et pour ma part « l’oeuvre » de Malick ne m’a jamais empêché de dormir… bien au contraire….

     Ceci dit, je veux bien admettre que cette séparation absolue des niveaux de langage, parce que justement infranchissable, constitue une frustation terrible à laquelle il est légitime de confronter ses victimes, surtout lorsque ces dernières ne se comportent plus en spectateurs mais en prescripteurs et tentent d’expliquer au réalisateur comment il doit faire son boulot alors qu’ils n’ont à parler que de l’oeuvre et du résultat qu’elle produit sur eux.

     Toutefois, et depuis au moins la mort de Truffaut, la tendance actuelle est plutôt inverse et ce sont les réalisateurs qui intégrent une démarche critique et reflexive à leur création et qui préfèrent se regardent filmer plutôt que de faire simplement des films.

    C’est certainement la force du cinéma de Luc BESSON que d’échapper totalement (ok peut-être un peu trop) à cette démarche bien française et il est terrible de se voir prendre plus de plaisir à traverser la Banlieue 13 que la ligne rouge mais l’art n’est pas moral… il est.. ou n’est pas…  

    Biz

     

     

      

Votre réponse