Même les génies peuvent trébucher*… Ce Rideau Déchiré, 83ème film de l’autoproclamé « Maître du Suspense » est en grande partie inintéressant. Totalement irréaliste, même pour un Hitchcock. Ridiculement anticommuniste, même pour un film américain. Pire, il est très faiblement interprété par des pointures (Paul Newman et Julie Christie), qui semblent a) ne rien comprendre à l’intrigue b) ne rien avoir à faire dans la ménagerie hitchcockienne.
Dans Hitchcock / Truffaut, le grand Alfred prétend s’être passionné pour l’affaire Burgess / McLean : qu’avait pensé madame Burgess quand elle apprit que son mari était un traître, parti en Union soviétique** ?
L’histoire part sur cette base : Paul Newman, savant atomiste américain, passe à l’Est. Il n’a rien dit à sa future fiancé. Mais elle décide de le suivre. Problème : le spectateur est sûr que Newman ne peut pas être un putain de transfuge communiste ! D’ailleurs, Newman finit par lui révéler (dans une des rares belles scènes du film, avec un travelling circulaire autour de Julie Christie) qu’il est un agent double venu voler les secrets atomiques allemands.
Aussitôt dit, aussitôt fait, ils s’enfuient (lors d’une course poursuite en autocar, d’une émeute dans un théâtre, et d’un panier en osier en partance pour la Suède…) Dans ces quelques scènes rocambolesques pointe le génie d’Hitchcock pour faire monter le suspense, mais l’assemblage du tout ressemble plutôt à un quilt qu’à de la Toile de Jouy.
On est loin de La Mort aux Trousses, et 1966 est déjà le commencement de la fin : Hitch vient de fait son dernier grand film (Pas de Printemps pour Marnie), et il ne fera après que des films mineurs : L’Étau, Frenzy, et Complot de famille…
* sauf Kubrick, évidemment !
** Comme Madame Burgess s’appelait Monsieur MacLean, c’était une question assez facile…