samedi 15 mars 2014


Un Eté à Osage County
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

C’est une histoire terrible – et pourtant banale – que nous propose John Wells, l’histoire d’une famille qui se déchire.

D’un côté le père et la mère, terrible, de l’autre trois filles, trois incarnations féminines qui, de génération en génération, creusent un sillon de sang et de bile.

Meryl Streep, dans une de ses plus grandes performances, interprète Violet Weston, la souveraine d’Osage County, au fin fond de l’Oklahoma. Accro aux médicaments, atteinte d’un cancer, la Reine Mère régit son petit monde, du chantage affectif à l’autoritarisme échevelé. Chaque phrase est chargée de fiel, chaque haussement de sourcil semble supporter soixante ans de haine ou de mépris.

Et Violet, en bonne reine égotique et destructrice, a évidemment détruit ses trois Blanche Neige.

Karen (Juliette Lewis) est une bimbo sur le retour, toujours au bras du mauvais type, qui ne semble être venue sur terre que pour émettre des idées toutes faites et des lieux communs. Un beau mariage, une famille unie, des enfants heureux aimant leur mère : l’exact contraire de ce qui se trame à Osage County depuis toujours.

Ivy (Julianne Nicholson) est un petit animal craintif, la seule des filles Weston restée dans l’Oklahoma et qui supporte – dans tous les sens du terme – ses parents.

Barbara (Julia Roberts) est celle qui apparemment s’en est le mieux tiré : intelligente, équilibrée, mariée, un enfant. Mais aussi celle qui a payé le prix le plus élevé. Aigrie, au bord du divorce, et principale cible des tirs d’artillerie maternels.

John Wells, loin de sa Maison Blanche, est quand même à son affaire. De ce chaudron diabolique, il réussit à s’extraire du théâtre filmé (Osage County est une pièce de Tracy Letts) et focalise son attention sur le huis clos. Dont il tire une pièce maîtresse, la scène du dîner.

Évidemment les comédiens sont formidables (Margo Martindale, Sam Shepard, Chris Cooper, Benedict Cumberbatch, Ewan McGregor, Dermot Mulroney, Abigail Breslin, Misty Upham) : pas de rôle secondaire ici.

Pas de pathos ou de mélo non plus, car rien ne viendra sauver ces personnages, simplement unis, comme le dit un personnage, par les hasards de la génétique.