mercredi 22 août 2012


X-Men: Le Commencement
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Sur le conseil du Professorino (qui l’a déjà vu deux fois, ce qui en dit long sur notre capacité à contrôler les lectures-visonnages-jeux de nos enfants), j’ai enfin vu X-Men: Le Commencement.

Le problème reste entier : privé d’une enfance Marvel-Strange, le Professore peine à comprendre les tenants et les aboutissants des films à collants.

Tandis que la Professorinette reconnaissait les apparitions de la Femme-Libellule et du Vociférateur (j’extrapole), je tentais de suivre l’intrigue. Plutôt bien faite, d’ailleurs, un savant mélange entre la réalité (la Baie des Cochons) et l’histoire alternative : comment les mutants sont devenus les X:Men.

Bon, ben, à la fin, on sait pourquoi.

Mais ça ne change rien au problème : les films de superhéros ont beau devenir « matures », être tournés par la A-list de Hollywood (Vaughn, Singer, Nolan, Branagh, Snyder) et avec (Fassbender, Oldman, Bale, Bacon, Jackman, Mc Kellen), ça ne me parle pas.

En rien.

Des types avec des casques ridicules en métal rouge, des strip-teaseuses avec des ailles de libellule dans le dos, des anges en porte jarretelles, le tout devant sauver la planète tout en résolvant de graves névroses personnelles, je ne vois pas.

Donc allez voir X-Men, mais sans moi.

Allez, j’irais quand même voir Man of Steel, pour Zack Snyder.




lundi 20 août 2012


Tony Scott, un ouvrier à Hollywood
posté par Professor Ludovico dans [ Hollywood Gossip -Les gens ]

Triste nouvelle ce matin en ouvrant Internet : Tony Scott est mort. Pire, il s’est suicidé, en se jettant d’un pont de San Diego.

Tony Scott, frère de Ridley, était un pilier de l’analyse CineFastienne. Réalisateur de 26 films, dans la grande tradition des faiseurs d’Hollywood, producteur de films et de séries, publicitaire renommé, il s’était fait connaître par Les Prédateurs, et son célèbre trio vampirique Sarandon-Bowie-Deneuve.

Immédiatement repéré par les Simpson-Bruckheimer, il enchaînera avec eux pendant quinze ans quelques joyaux de la GCA (Top Gun, Le Flic de Beverly Hills II, Jours de Tonnerre, Revenge, True Romance, USS Alabama, Ennemi d’Etat).

La décennie 2000 verra son talent s’émousser, trop marqué par ce style coloré des productions Bruckheimer, désormais partout, et repris par ses propres disciples (Michael Bay).

Pendant ce temps, Don Simpson mourrait et Jerry Bruckheimer assurait un tournant plus familial à ses productions.

A partir de là, Tony Scott tournera surtout avec Denzel Washington (Man on Fire, Domino, Déjà Vu, L’attaque du Métro 1 2 3, Unstoppable) ; il produira aussi des séries (Numb3rs, The Good Wife, Les Piliers de la Terre…)

Son cinéma était efficace, puissant, toujours au service de ses histoires. Il n’a jamais eu la prétention des œuvres de son frère Ridley, ce qui explique qu’il n’a réalisé aucun chef d’œuvre, mais aussi qu’il a échappé à la vindicte des déçus.

Le cinéma de Tony Scott était dans la pure tradition Hollywoodienne.




dimanche 12 août 2012


Le Skylab
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Il en va de même pour tous les films de Julie Delpy : sa fainéantise intrinsèque les rend soit foutrement drôles (2 Days in New York) ou gentiment faiblards (Le Skylab).

On a dès lors du mal à faire le tri entre la nostalgie qui nous habite (Mrs Delpy est née en 1969) et nos réflexes cinéphiliques. D’un cóté, on prendra beaucoup de plaisir à retrouver cette ambiance seventies des parties de campagnes (barbecue, cousins bourrés, et partie de foot avec tonton*), mais on s’ennuiera devant la faiblesse dramaturgique du propos (une mère des années 2010 se rappelle de sa jeunesse seventies).

Il ne suffit alors pas de coller, comme dans un scrapbook, ses souvenirs pour faire un film. C’est la force habituelle de Julie Delpy, ne parler que de ce qu’elle connait**, c’est ici sa faiblesse, n’utiliser que ses souvenirs pour bâtir un film entier.

*Julie Delpy s’est même inspiré d’un papier peint ayant appartenu au Professore, cest dire son souci Kubrickien de la reconstitution.

** suivant en cela les conseils du Gourou du scénario, Robert McKee




vendredi 10 août 2012


Les Joueurs
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Les Joueurs est un film culte chez les amateurs de poker, souvent l’une des « Madeleines » à l’origine de leur passion. Le film de John Dahl (Last Seduction, Red Rock West), sorti en 1998, est effectivement – et tout à la fois – un panégyrique du Texas Hold’em, un film pédago (« comment gagner au poker en 10 leçons« ), une défense morale du jeu (« ce n’est pas un jeu de hasard, mais un jeu de stratégie« ) et un mélo/film d’action dans la plus grande tradition américaine.

Au début, le héros, Matt Damon perd une grosse somme contre John Malkovich (caricatural en grand méchant russe). Matt décide d’arrêter pour l’amour de sa jolie fiancée blonde proprette (Gretchen Mol). Heureusement une chaudasse brune tourne dans les environs (Famke Janssen) et surtout Lucifer lui-même, Edward Norton, escroc à la petite semaine, grand joueur de poker, et roi des embrouilles. Évidemment, tout va partir en vrille, et les deux vont vite devoir 25 000$ à Malko lui-même.

Selon le vieux principe GCA (objectif inatteignable + horloge qui tourne), le suspense est à son comble ! Comment va-t-il faire ? Comme Perceval, il va gagner « à la régulière » contre le Dragon Russe, qui, bon prince, acceptera sa défaite.

Le film est plaisant, pas trop caricatural sur le poker, et donne furieusement envie d’aller piquer du blé aux touristes d’Atlantic City…




vendredi 3 août 2012


The Rocky Horror Picture Show (a love story)
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les films ]

Récemment, j’ai fait quelque chose que je m’étais interdit de faire : j’ai emmené ma fille voir The Rocky Horror Picture Show. RHPS, ce n’est pas un film. Le RHPS, ce n’est pas quelque chose qu’on peut posséder, et a fortiori, donner. Aucune VHS, aucun DVD, aucun Blu-ray ne peut donner une idée juste du Rocky, car c’est un rite initiatique. Une franc-maçonnerie. « On en est », ou « on n’en n’est pas » !

Quand on entre dans LA salle (eh oui, le film ne passe que dans une salle en France depuis 30 ans), l’impétrant doit d’ailleurs répondre à la question rituelle : « Y’a-t-il des vierges dans la salle ? » En clair, des gens (les pauvres !) qui viennent au Rocky pour la première fois. Et le choc peut être rude. Il faut être prêt à entendre (authentique) des gens hurler pendant le film, chanter, danser sur la scène (sic), jeter du riz (véridique) ou de l’eau, et plus souvent qu’à son tour… bref, c’est une performance.

De quoi parle le Rocky ? Au fond, cela a peu d’importance, c’est le destin même du film qui est passionnant. Mais pitchons quand même ! Un couple d’étudiants coincés (Brad et Janet), décident, au mariage de leurs amis, de se fiancer, car Janet a attrapé le bouquet de la mariée. Puis ils rendent visite à leur Professeur et ami le Dr Scott, mais sur la route, crèvent un pneu. Sous une pluie battante, les voilà contraints à trouver un endroit pour téléphoner (nous sommes en 1973, pas de portable !) Mais qui sont ces gens dans cette étrange bâtisse, et qui semblent attendre un incroyable événement ? A l’issue d’une nuit initiatique (à tous points de vue) Brad et Janet se réveilleront le lendemain matin plus tout à fait les mêmes.

On le voit, l’histoire est plutôt abracadabrante, le film étant avant tout une parodie/hommage des films de la Hammer (Frankestein, Dracula…), aux serials des années trente (King Kong, Flash Gordon), aux films de SF des fifties (Tarantula, Le Jour où la Terre s’Arrêta, etc.)

C’est aussi le prétexte à chansons et danses, car le Rocky est d’abord une comédie musicale, créée en 1973. L’œuvre de Richard O’Brien parodiait ces films cultes en rajoutant transsexuels, drogue, et Rock’ n’ Roll. Comédie musicale à succès, à Londres, puis à New York : Hollywood s’empare immédiatement du sujet et monte un film avec une partie du cast. On y ajoute une jeune star montante (Susan Sarandon), mais le tournage en Grande Bretagne est épouvantable, les acteurs frôlant la pneumonie dans le château glacial qui sert de lieu de tournage.

Le film sort néanmoins en 1975, et, à la surprise générale, est un bide intégral. Il va quitter le réseau des salles quand un petit malin du marketing de la 20th Century Fox a le réflexe d’étudier attentivement les chiffres. Certes, le film ne marche pas, mais certaines salles ont un taux de remplissage maximum. Pourquoi ? Creusant les maigres données en sa possession, la Fox découvre que le film marche très fort en double feature, les projections façon « Dernière Séance » où l’on peut voir deux films pour le prix d’un. Et plus particulièrement dans les salles des grandes villes (NY, LA, Chicago…) proches des campus.

En assistant à une séance, il découvre l’embryon de ce que va devenir le RHPS : certains spectateurs se sont passionnés, au premier ou au second degré, pour le film, ont appris les chansons et les répliques par cœur, en ont inventé de nouvelles, souvent salaces et parodiques ; certains viennent même déguisés comme les personnages ! Le film est devenu un barnum interactif qui attire chaque jour plus de monde…

La Fox revoit alors sa distribution : une salle par grande ville, une seule séance le samedi soir, et une exclusivité 50km autour. Le phénomène s’amplifie, débarque en Europe et s’installe de la même manière : ainsi, le Studio Galande a l’exclusivité du Rocky pour Paris et sa Banlieue. S’il est projeté dans cette zone, c’est ce cinéma qui s’en occupe et récupère les sous. Et ce sont ces deux seules séances hebdomadaires du RHPS qui font vivre, au milieu d’une quinzaine d’autres films, ce cinéma Art et Essai depuis 30 ans.

Pour sa part, le Professore a découvert le Rocky dans une convention de SF à Rambouillet, précédé d’un étrange avertissement : « merci de ne jeter ni riz, ni farine, ni eau pendant la projection ». Évidemment, sa seule envie fut d’en savoir immédiatement plus. Un coup d’œil sur L’Officiel des Spectacles (l’Internet des années 80) permit d’identifier l’unique salle qui diffusait le Rocky : le fameux Studio Galande. Dans son écrin du Quartier Latin, nous fîmes – avec le camarade AG Beresford – la découverte de Frank, étudiant gay irlandais qui nous initia… aux subtilités du Rocky.

Car le film est vivant et repose entièrement sur la tradition orale transmise par le « Cast », la troupe d’amateur qui l’anime pendant deux ou trois ans avant de partir ailleurs, c’est à dire fonder une entreprise de semi-conducteurs ou une famille en Ardèche. Les blagues sont donc ultra-générationnelles : le discours de Nixon dans la voiture situe l’action en 1973, mais nos blagues, en 1986, tournaient autour du slogan du PS « Au secours, la Droite revient ! », hurlé en chœur quand la Créature est poursuivie par une meute de chiens… Aujourd’hui, les blagues tournent autour de Ségolène Royal (la salle vide du discours final de Frank’n’Furter)… c’est la permanence du Rocky, c’est sa force, au-delà des blagues de cul potaches…

Mais assister au Rocky, c’est avant tout un Rite Initiatique, il y a un avant et un après Rocky. Une sorte de service militaire cinéphilique…

Le Rocky, c’est une phase de la vie, entre l’adolescence et la vie de couple, à l’image des héros du film, déniaisés par des adultes (certes un peu au-delà de la moyenne). D’un côté le narrateur, vieux casse-burnes tradi, de l’autres une bande de transsexuels de la planète Transsexual, Transylvania : choisis ton camp, camarade ! Mais c’est surtout pour le spectateur, le vrai, pas celui qui vient une fois au Rocky pour voir, mais bien celui QUI Y RETOURNE… une fois que l’on fait partie du truc, c’est une famille, une bande… L’idée de participer à quelque chose d’excitant et de transgressif, et de partager ça… Mais aussi, une sorte d’arbre généalogique de la cinéphilie : Sarandon, elle a fait quoi après ? Ah bon, Barry Bostwick, c’est le maire de NY dans Spin City ? Et Tim Curry, l’officier russe dans Octobre Rouge ?? Et c’est quoi cette histoire d’empeachment de Nixon… ???

Au Rocky, on rencontre toujours des gens cultivés et cinéphiles… Avouez qu’il y a pire voisinage…




mercredi 1 août 2012


La Fièvre au Corps
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Replongeons nous encore et toujours dans les années 80 : « Il fait chaud » et donc c’est le climat parfait pour revoir encore une fois le chef d’œuvre de Lawrence Kasdan.

La Fièvre au Corps, c’est à la fois la rencontre d’un producteur à succès (Alan Ladd, qui sort de Blade Runner) et d’un réalisateur débutant (Kasdan*) et la naissance d’un couple mythique : William Hurt** et Kathleen Turner***. Pour les plus jeunes, imaginez Angelina Jolie et George Clooney.

En 1981, toutes les filles sont folles de William Hurt, son doux sourire, et sa touche de folie, et elles aimeraient avoir la classe – estampillé âge d’or d’Hollywood – de la Turner.

Le film va les révéler et leur ouvrir en grand les portes du succès.

Mais c’est quoi, ce film ? Kasdan n’y fait que moderniser le polar des années 50 ; femme fatale, corruption et mari gênant. Mais il y ajoute une touche moderne, érotique et brûlante, sur fond de Floride corrompue, qui ne sera pas pour rien dans son succès de l’époque.

Au début du film, Ned Racine (William Hurt) en est l’illustration même : avocat queutard, incompétent, et vivotant sur des affaires minables. Il va rencontrer LA femme, qui va évidemment faire dérailler cette locomotive déjà bien branlante. Les scènes de sexe, torrides pour l’époque mais surtout pour les USA, le langage cru et la sexualité qui y est dépeinte n’ont que peu d’équivalent dans la cinéma US mainstream, même aujourd’hui.

Mais ce n’est pas le seul intérêt du film. Non seulement l’intrigue est brillante, se complexifiant seconde après seconde, mais les personnages sont sculptés au laser. Chacun a sa personnalité, subtile et détaillée. Les seconds rôles ne sont pas les simples faire-valoir de notre duo de star, mais viennent au contraire enrichir l’intrigue, et approfondir la toile de fond. Ainsi, Ted Danson, le procureur danseur, J.A. Preston, le flic droit et honnête, et Mickey Rourke, qui en deux scènes rafle la mise, viennent ajouter leur touche au tableau intimiste peint par Kasdan.

Quant aux deux principaux acteurs, ils sont époustouflants, changeant en permanence de registre, alors que l’intrigue part en vrille, jusqu’à l’explosion finale.

La Fièvre au Corps est un classique.

*Kasdan illuminera les eighties : Les Copains d’Abord (1983), Silverado (1985), Voyageur Malgré Lui (1988), Grand Canyon (1991), tout en signant quelques petits scénarios au passage : L’Empire Contre-Attaque, Le Retour du Jedi, Les Aventuriers de l’Arche perdue et Bodyguard. Puis il périclitera dans les années 90.

**William Hurt ne dépassera pas cette première célébrité, mais sera toujours en guest quelque part…

***Kathleen Turner sera LA bombe classy des années 80 : A la Poursuite du Diamant Vert, Les Jours et les Nuits de China Blue, l’Honneur des Prizzi, Peggy Sue Got Married, La Guerre des Rose, puis l’alcool aura raison d’elle. Pour mieux parfaire la légende, Kathleen Turner se retirera des plateaux pour se consacrer au théâtre (refusant de « s’infliger ce que les actrices s’infligent (NDLR : de la chirurgie esthétique) pour continuer à travailler ». Elle a fait depuis quelques apparitions – mémorables – Virgin Suicide, par exemple, et en père de Chandler (sic) dans Friends.