Dès les premières secondes, la cause est entendue. Les plans fixes, format 1:33, le 35 mm : on est dans le fatras intellectuel minimalo-naturaliste, en mode surligné Stabilo. Refaire le procès tel quel, sur la base des transcriptions de l’époque, et où rien ne manque, ni les pantalon patte d’eph, les petites lunettes dorées et les pull multicolores, ni les barbichettes et les chignons, voilà l’ambition cinématographique de Cédric Kahn*.
On subira pendant 1h50 le jeu théâtral des acteurs, qui débitent leur texte à la mitraillette, entrecoupés de silence lourds de sens. À aucun moment, on ne sera touché par un personnage : ni Goldman, ni son avocat, ni ses victimes.
Kahn crée finalement un genre inédit de documentaire reconstitué avec acteurs, façon Secrets d’Histoire, mais sans Stéphane Bern. Pas de musique, pas de plan d’exposition, pas de mouvements de caméra… La réalité brute, si chère au cinéma français en mal de cinéma.
Ou d’imagination tout court.
* Le réalisateur a notamment déclaré au Monde : « C’est de la fiction, mais avec beaucoup de vrai » : l’habituelle excuse des rois de l’autofiction, de Yann Moix à Christine Angot.