vendredi 15 septembre 2023


Starfighter
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Voilà une bonne incarnation du Théorème de Rabillon : la passion de l’aviation fait faire bien des bêtises au CineFaster. Par exemple, regarder Starfighter, un téléfilm merdique de 2015, disponible sur Prime Video. Oui, le F-104 Starfighter de chez Lockheed, le Cercueil Volant, le Faiseur de Veuves, l’avion maudit de la Luftwaffe*. On se rappelle qu’un article de Paris-Match, dans les années 70, avait profondément marqué le jeune CineFaster : le poids de mots, le choc des photos.

Comment résister à un film sur le sujet, avec des zolis navions qui font des loopings et allument la postcombustion ? Le CineFaster est faible, il regarde, même s’il a compris avec la VF et la réalisation France 3 Bade-Wurtemberg, que ça n’allait pas voler très haut. Un sous-Top Gun avec virilisme, love story macho et reconstitution de la RFA sixties. N’est pas Tony Scott qui veut. 

Là, on est plutôt dans le film à dossier façon Bildschirmordner**. Sic Wikipedia : « Le Spiegel salue l’exactitude du film, qui lui confère une qualité de documentaire. » Tout est dit : c’est chiant comme la mort mais il y a de zolis navions…

*Entre 1961 et 1989, 292 des 916 F-104 allemands s’écrasent, occasionnant la mort de 115 pilotes (Wikipedia)
**On vous laisse chercher sur Google Trad.




mardi 5 septembre 2023


Blonde
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

L’Art, et particulièrement le septième d’entre eux, est une affaire de prototype. Il y a des méthodes pour faire un film, mais jamais aucune recette pour faire un succès.

Blonde est l’incarnation absolue de ce principe. Le projet a tout ce qu’il faut : un sujet ambitieux et fédérateur (Marylin Monroe, star parmi les stars, à jamais au firmament), un roman à succès de Joyce Carol Oates, unanimement salué par des millions de lecteurs, un authentique génie du cinéma à la réalisation (Andrew Dominik, Monsieur L’Assassinat de Jesse James par le Lâche Robert Ford et Cogan: Killing Them Softly), un producteur plutôt doué (Brad Pitt), de très grand musiciens à la BO (Nick Cave et Warren Ellis), des acteurs talentueux (dont une Ana de Armas époustouflante). Le film n’est pas putassier, il est au contraire plutôt indie, mêlant les obsessions formelles de Dominik à une narration ambitieuse et littéraire.

Pourtant, Blonde ne décollera jamais. Andrew Dominik n’arrive jamais à nous intéresser – c’est un comble ! – au sort de Marilyn. Ses malheurs nous sont consciencieusement exposés : mère psychotique, père abandonneur, producteurs profiteurs, amants manipulateurs, mari cogneur ou distant… Ana de Armas pleure beaucoup, mais on s’en fiche ! Et ça, c’est le pire crime en matière de fiction. Si on ne s’intéresse pas au personnage, il est totalement impossible de s’intéresser au film. Pourquoi Dominik n’y arrive pas, le mystère reste entier.

Hollywood n’a pas de recettes, et c’est très bien comme ça.




vendredi 25 août 2023


Depp v. Heard, ou La Fabrique du Mensonge, une affaire de point de vue
posté par Professor Ludovico dans [ Documentaire -Hollywood Gossip -Les gens ]

C’est l’histoire – classique – d’un Power Couple d’Hollywood qui s’aime puis se déchire. C’est l’histoire, tout aussi classique, d’un divorce douloureux avec avocats et millions de dollars à la clé. C’est l’histoire, moins classique, de cet événement au vingt-et-unième siècle, à l’heure des réseaux sociaux. Un documentaire en 3 épisodes vient de sortir sur Netflix, Depp v. Heard, qui laisse une drôle impression de flou. Pour en savoir plus, on enchaine sur L’Affaire Johnny Depp/Amber Heard – La Justice à l’Epreuve des Réseaux Sociaux, un épisode de la série de France 5, Depp La Fabrique du Mensonge. On sort également sans certitude de ce doc, si tant est qu’il soit possible de démêler le vrai du faux dans l’intimité d’un couple (même vidéos à l’appui).

Pour avoir suivi que de très loin cette affaire, on n’en avait retiré qu’une impression diffuse : Amber Heard, starlette hystérique, s’était fourvoyée en espérant récolter une meilleure place à Hollywood et le maximum de dollars. Mal conseillée, elle avait trop menti pour être honnête, et se révélait bien pire que sa star de mari, Johnny « Jack Sparrow » Depp. Paradoxalement, c’était peut-être lui, la victime.

Mais quand on regarde le documentaire Netflix, il est pourtant difficile de ne pas être ému devant cette femme en larmes racontant les sévices psychologiques et physiques subis. En face, Johnny Depp joue lui aussi une très belle partition : très calme, un peu triste, une vraie victime.  Mais on ne peut oublier non plus que ces deux-là sont acteurs : on ne sait jamais vraiment quelle est la part d’interprétation dans leurs témoignages. On aurait été bien été embêtés d’être jurés en Virginie…

Le documentaire de France 5, lui, est très différent : il est pontifiant mais sa thèse est plus généraliste, plus sérieuse : cette affaire aurait permis aux milieux masculinistes de faire passer leurs idées en profitant des déboires d’un couple. Pour le coup, le reportage est très en faveur d’Amber Heard ; à un seul moment, il est évoqué la possibilité qu’elle ait, elle aussi, pu harceler Depp…

Dans les deux cas, ce qui intéresse le cinéphile, c’est la façon dont sont filmés ces thèses. Chez Netflix on aligne plan par plan les témoignages, une fois Johnny Depp, une fois Amber Heard, ce qui crée évidemment des chocs et des contradictions. Pour un documentaire censé dénoncer les réseaux sociaux, Depp v. Heard utilise beaucoup leurs images, et pas toujours à bon escient… Au contraire le documentaire français s’attache à démontrer l’influence néfaste des réseaux sociaux, des groupes complotistes de l’Alt-Right, laissant largement parler journalistes et sociologues…

Dans les deux cas, on n’aura jamais pu démêler le vrai du faux… Pas de bol, c’est justement ça qui nous intéressait…




mardi 22 août 2023


Meurtres en Pays Cathare
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

De retour de mission pour l’Ahnenerbe à Montségur afin de trouver le Graal et le code Da Vinci, le Professore se devait de regarder Meurtres en Pays Cathare, le passionnant cop show de France 3, oui les gars qui nous ont donné déjà Les Mystères de l’île (à l’Ile d’Aix) et 60 autres meurtres dans toute la France, soit dix saisons au compteur (wikipedia sic).*

Rappelons le pitch : il s’agit de récolter le maximum de subventions de la DRAC Occitanie et du Conseil Général de l’Ariège en assurant la promotion de ladite région avec quelques plans pas mal foutus de paysages idylliques. Comme d’habitude, on se fait avoir, trois jolis plans de drone de la région, le reste en studio, voilà des impôts locaux bien utilisés…

Quant à l’histoire de Meurtres en Pays Cathare**, elle reste cousue du même fil blanc que ses soixante collègues : une jeune fille BLONDE est assassinée dans le château de Puivert***. A ses côtés, un jeune trisomique aux mains ensanglantées. On vous rassure tout de suite, le jeune trisomique – bien qu’accusé à tort – n’est pas le meurtrier****…

Non, ce n’est pas lui qui a tué, on va le découvrir 1h30 plus tard : c’est bien la meilleure amie de la victime, maman BRUNE d’un jeune garçon à tête BLONDE. On nous aura donné quelques indices (7 ou 8 plans sur le gamin avec sa maman qu’a pas les mêmes cheveux que son fils). Entre-temps, on aura suivi la fliquette-bonasse-dont-le-frère-trisomique-est-injustement-accusé, le flic-quadra-pas-mal-fait-de-sa-personne-qu’a-une-TSI*****-avec-sa-collègue-malgré-qui-sont-pas-d’accord-sur-le-coupable, la Fausse Piste 1, la Fausse Piste 2, la Fausse Piste 3, et au bout d’une heure, pour relancer intérêt, la Fausse Piste 4, à savoir la Fliquette qui se trouvait pas loin du crime, dis-donc-comme-de-par-hasard-mais-en-fait-non-c’est-pas-elle******.

Bref Alfred Hitchcock n’a qu’à bien se tenir. Demain, on parle d’une autre petite dramatique sans prétention : Voyage au Bout de l’Enfer.

* Rappelons qu’en 2022 les réalisateurs avaient protesté contre le trop plein de séries policières sur le service public : en 2021, 85 % des fictions télé diffusées par les chaînes du groupe public. Nettement plus que TF1 (11 %), Arte (3 %) ou M6 (1 %).

** Il n’y a qu’un meurtre, mais Ludovico ne va pas chipoter : ça laisse plus de suspens !

*** Oui celui de La Neuvième Porte de Polanski, clin d’œil cinéphile !

**** Le jour où un membre d’une minorité sera le véritable meurtrier, on aura fait un grand pas dans l’égalité et la lutte contre le racisme. 

****** Mulder et Scully, vous avez l’image ?

******* On se moque de la photocopieuse Marvel ou de la Xerox de chez Disney, mais celle de France 3, qui ne fait que du noir et blanc, n’est pas mal du tout.




jeudi 27 juillet 2023


Barbie
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Critiquer l’objet cinématographique Barbie est une gageure. Le film est un OVNI insaisissable : à la fois blockbuster à gros budget et film indé du power couple Baumbach-Gerwig ; auto-promo Mattel contenant une autocritique très maline, film comique bourré de bonnes idées, mais intrigue d’une indigence rare… Ce Barbie ne ressemble à rien , à moins qu’il ne ressemble à tout.

L’intrigue sort de la photocopieuse Disney/Marvel/Pixar. En gros, il existe un Barbie World parallèle, où les Barbie ont le pouvoir (Barbie Présidente, Barbie Astronaute, Barbie Ouvrier de chantier…), et où les Ken sont de gentils faire-valoir. Tout va bien dans le meilleur des mondes, donc, jusqu’au moment où la Barbie Stéréotypée (c’est son nom, et c’est Margot Robbie) a des pensées morbides. La raison : un portail s’est ouvert vers le monde réel (Los Angeles, California) ; pour remettre les choses dans l’ordre, il faut retrouver la petite fille qui possède cette Barbie…

Car le monde réel est beaucoup moins drôle pour les femmes, les vraies. Il est beaucoup plus drôle pour les hommes, les vrais, comme va le constater avec ravissement Ken (Ryan Gosling).

Cette partie est assez drôle, notamment grâce à ses deux fabuleux acteurs, mais elle n’est pas très noire. Hollywood a tiré les leçons de Last Action Hero, qui proposait le même aller simple pour l’enfer à Schwarzy : la réalité faisait mal, physiquement. Ici, on est dans le divertissement pour fillettes : point trop de noir ne faut.

Le film devient alors assez vain, et caricatural : les macho Ken prennent le pouvoir à Barbie World, les Barbie s’unissent pour remettre le patriarcat à la poubelle, exonérant au passage le rôle de Barbie, la poupée, dans tout ce bouzin. C’est plaisant, plutôt drôle, sympathique, et on ne s’ennuie pas… La conclusion, elle, est très belle…

Mais on ne peut pas parler vraiment de chef-d’œuvre. Ou s’il y a chef-d’œuvre, c’est de publicité qu’il s’agit.




mardi 25 juillet 2023


Fleabag
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Comme d’habitude, il faut suivre les conseils du Snake, mais avec 3-4 ans de retard. Fleabag, c’est la révélation Phoebe Waller-Bridge*, incroyable scénariste et principale interprète de cette série, dont on a du mal à imaginer qu’elle ne soit autobiographique. Centrée autour du personnage ultraclassique de Fleabag, trentenaire à la ramasse (pas de mec, boulot nul, et parentèle exaspérante), la série tire pourtant un miel original de cette situation. L’amant débile mais bon coup, la belle-mère insupportable, la sœur qui a réussi, la bonne copine bien plus marrante qu’elle, tout cela pourrait être convenu, mais génère en fait, sous la plume très trash (mais très britannique) de Miss Waller-Bridge, des virages parfaitement inattendus…

On ajoutera – comme unique gimmick -, le regard caméra de la demoiselle, qui vient briser le quatrième mur à coup de sourires assassins, assaisonné de riffs punk (ou de chant grégorien).

Que demander de plus ?

*Actuellement à l’affiche dans Indiana Jones et le Cadran de la Destinée




lundi 24 juillet 2023


King Kong vs Godzilla (Studios contre GAFAM)
posté par Professor Ludovico dans [ Documentaire -Hollywood Gossip -Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les films -Pour en finir avec ... -Séries TV ]

C’est la polémique du moment : suite à la grève Hollywoodienne des scénaristes puis des acteurs, on voue aux gémonies Amazon, Netflix, Apple, etc. Il semble au Professore Ludovico (qui n’a rien à gagner dans l’affaire) qu’on confond deux problèmes.

Le premier, c’est l’avidité des studios, totalement avérée chez les GAFAM, mais qui n’est pas moindre chez Disney, HBO, où à la Warner. Et cela, de toute éternité. Si on ne les contraint pas, les studios ne font jamais évoluer les droits dérivés qui font vivre les différents artisans de l’Usine à Rêves… Il y a vingt ans, c’étaient les droits DVD qui enrichissaient télés et majors, et les artistes touchaient peanuts. Moralité, déjà une grève dévastatrice… Aujourd’hui, c’est le streaming, mais l’idée est la même.

Le deuxième problème serait de considérer ces GAFAM comme les destructeurs d’Hollywood, comme une récente interview de Mel Brooks, consterné de voir Prime Video occuper aujourd’hui les anciens studios de David O’ Selznick, Monsieur Autant en Emporte le Vent.

Pourtant c’est le contraire : les Netflix, Apple, Prime injectent non seulement des milliards de dollars dans la production, mais les résultats sont à la hauteur . Les séries originales (Stranger Things, Severance, For all Mankind, Bonding, The Boys, Too old to Die Young, Arcane…), les documentaires (Tiger King, Wild Wild Country, Fran Lebowitz (pretend it’s a city), Drive to Survive…) sont tous d’excellents produits télévisuels.

Seuls les films sont restés un peu en dedans (en donnant carte blanche à des films qui ne le méritaient pas (Mank, The Irishman, Athena…)), mais produisant aussi des réussites impossibles en salle (The King, The Vast of Night, Prospect…)

Les GAFAM, comme la télévision en son temps, puis le magnétoscope ou le DVD, sont en train de révolutionner le cinéma et de bousculer les studios. Qui survivront, ou pas. Mais le cinéma, lui, restera.

Time waits for no one.




jeudi 20 juillet 2023


Oppenheimer
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Il a suffi d’un petit quart d’heure pour que le Professorino retourne le paternel comme une crêpe. Pourtant, en sortant de l’Opus Magnus de Christopher Nolan, le Ludovico avait un mal de crâne épouvantable. Trois heures de violon albanbergien avait eu raison de son ouïe, et de son cortex cinephilo-spinal.

Mais bon sang ne saurait mentir… Formé dans les meilleures écoles (Eric Taylor Elementary School à Dillon, Texas, Master en Social Network à Harvard, pour finir à la James McNulty University de Baltimore), le garçon a des lettres.

Lui était sorti enchanté du cours de physique nucléaire de Monsieur Nolan, et tenait à peu près ce langage : on ne peut pas reprocher tout et son contraire au réalisateur du Prestige. Pour une fois, il tient son sujet. Nolan a un point de vue clair sur Oppenheimer, l’homme, son génie, ses ambigüités. Pas de gloubi-boulga capitalo-marxiste façon Dark Knight Rises. Pas d’intrigue incompréhensible façon Tenet. Pas de cours nébuleux d’astrophysique façon Interstellar.

Pourtant Oppenheimer, ça commence mal : deux heures de docudrama sur la jeunesse du grand homme, ses recherches, ses amours, ses convictions changeantes, et le passionnant problème de la construction de bâtiments au cœur du Nouveau Mexique. Ce pourrait être Secrets d’Histoire, avec Stephane « Nolan » Bern.  La pédagogie est réussie (particules, fission, fusion, etc., mais on a perdu Nolan le cinéaste. Champ / contrechamp, musique insupportable (et permanente), le cinéaste esthète ne reprend jamais son souffle (ni le nôtre). Il ne s’arrête jamais pour contempler la beauté du monde, lui qui sait si bien le faire. Les quelques images d’électrons, de trous noirs en création, de neutrons en collision durent une microseconde, alors qu’on nous inflige le visage émacié de Cillian Murphy

Mais la troisième heure vient sauver tout ça. La bombe a explosé, et Nolan a le bon goût de ne pas s’extasier devant le nuage radioactif. Au contraire, le film commence. Oppenheimer a des doutes. Oppenheimer comprend (dans une très belle scène de discours) qu’il vient de donner aux hommes l’arme ultime. Il voit les dégâts infligés aux habitants d’Hiroshima (là aussi, Nolan a le bon goût de ne pas les montrer). Il exprime ses doutes et devient un personnage dangereux, qui voudrait éviter la course aux armements. Potentiellement, Oppenheimer devient un traitre.

Commence alors un film de procès, spécialité américaine, mais où le talent, la vivacité Nolanienne, excellent. Porté comme à son habitude par des acteurs exceptionnels, même dans de tout petits rôles (Gary Oldman en Truman), Oppenheimer – le film révèle enfin ses enjeux : le génie qui a sauvé l’Amérique va-t-il être voué aux gémonies ? Son mentor, Lewis Strauss, va-t-il connaitre le même destin ? Enfin, on a peur pour nos personnages, enfin on sort du docu-biopic…  Pour une fois, le propos est d’une rare clarté, tout en laissant son personnage principal dans ses zones d’ombres…  

Oppenheimer, le film, ne lève pas le voile sur Oppenheimer l’homme, et c’est tant mieux comme ça…




lundi 17 juillet 2023


Indiana Jones et le Cadran de la Destinée
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les films ]

Dans les années 60, nos parents allaient voir John Wayne, le héros de leur jeunesse, dans Les Bérets Verts, une rodomontade patriotique sur la guerre du Vietnam. Ils allaient voir un très mauvais film, pour le simple plaisir de retrouver l’âge d’or de Rio Bravo ou de la Prisonnière du Désert.  

Aujourd’hui nous allons voir Harrison Ford, le héros de notre jeunesse, dans la cinquième itération d’Indiana Jones.

Nous sommes devenus nos parents.

Le film de James Mangold laisse en effet une drôle d’impression. C’est à la fois un film extrêmement maîtrisé et réussi, et en même temps, une extorsion marketing de la nostalgie. Un adieu sincère à la saga et un copier-coller honteux, sous forme de best of de ses meilleurs moments. S’il y a un film de fan service, c’est bien Indiana Jones et le Cadran de la Destinée. Chapeau, fouet, nazis, objet sacré, antiquité, sidekick féminin pointu : tout est dans Indiana Jones 5, et inversement.

Pourquoi aller voir ce Cadran de la Destinée, alors ? Pour revoir des poursuites, de l’action, un baiser sur un coude ? Bref, de la pure nostalgie. Pour pleure sur notre jeunesse enfuie. Est-ce une bonne raison ? Sûrement pas. Mais cette nostalgie est bien faite, et propose un contre-feu intéressant : l’adieu (semble-t-il définitif) à la saga… Cette partie-là est particulièrement réussie… Si elle n’ose pas aller jusqu’au bout de ses idées, et conclure par une fin particulièrement mélodramatique, européenne, elle propose un happy ending plus conventionnel, plus américain, mais émouvant quand même.

Comme évoqué au début de cette chronique, notre John Wayne à nous, c’est Harrison Ford, notre Han Solo, notre Rick Deckard, notre Indiana Jones. Justement, la technologie offre deux Harrison Ford pour le prix d’un : le jeune Doctor Jones, (merci la CGI), et le vieux, largué dans une époque qui n’est pas faite pour lui. Double effet d’identification pour le spectateur…

Mais la CGI, c’est justement ce qui pose problème. Comme nous l’avions intuité depuis longtemps, les trucages numériques tuent la magie primitive du cinéma. Nous savons que Harrison Ford ne fait plus ses cascades, qu’il surfe sur un fond vert, qu’il ne va tomber nulle part… Nous n’avons plus peur pour lui, ni pour personne d’ailleurs. Nous ne sommes plus impressionnés par cette pyrotechnie qui faisait le charme du cinéma. Rien ne nous émerveille, puisque l’ordinateur peut tout faire*.

Il est d’ailleurs très intéressant d’observer la promotion de deux autres films à l’affiche : Oppenheimer et Mission Impossible 7. Nolan a bâti de longue date sa promo sur le fait qu’il filme toujours sur de la pellicule traditionnelle (et donc pas en numérique) et qu’il n’utilise pas de CGI**. Tom Cruise fait de même, en montrant son making of AVANT de montrer son film. Instagram est inondé de vidéos décryptant son saut en moto-parachute, ou sur la VERITABLE loco qu’on a détruite, etc. Comment mieux dire que ces films souhaitent renouer avec l’antique magie du cinéma, contrairement aux Marvel, contrairement à Indiana Jones ?

*Ce qui est techniquement faux : beaucoup de cascades, d’effets spéciaux sont tournées puis retouchées. Mais comme pour beaucoup de choses, c’est la perception qui compte…

** Il a déjà crashé un véritable avion pour Tenet, fera-t-il sauter une bombe atomique pour Oppenheimer ?




vendredi 14 juillet 2023


Devotion
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Le Théorème de Rabillon nous fait faire bien des bêtises. Après USS Greyhound, on a envie de voir des F4U-Corsair. Oui, l’avion rigolo de Papy Boyington, avec des jolies ailes en W et un beau ronronnement au niveau du moteur. C’est pour le Corsair que le Ludovico se cogne 2h19 de Devotion, un film de 90 millions de dollars entièrement à la dévotion de l’armée américaine, son courage imputrescible contre le communisme, et au passage, quelques idées philosophiques fortes, comme quoi l’amitié et la famille, c’est vachement important.

En fait, Devotion confirme qu’Hollywood est retourné, Back to the Future, aux années 50. Les DC-Marvel à la place des péplums (mêmes slips), les westerns remplacés par la Fantasy (les orcs font de très bons indiens, on peine à voir la différence), et Devotion en bonne itération de l’excellent (!) Diables de Guadalcanal, avec John Wayne. On reviendra d’ailleurs sur le sujet John Wayne très prochainement…

Devotion est évidemment basé sur une histoire vraie, celle du premier aviateur naval afro-américain (Jesse L. Brown, joué à la 12,7 par Jonathan Majors) dont on raconte le combat pour exister au milieu des centaines de pilotes blancs, son amitié inaltérable avec son ailier Tom Hudner (Glen Powell), les bagarres-avec-les-fantassins-en-perm, la-Guerre-de-Corée-où-il-fait-super-froid-dis-donc, etc., etc. Le tout à grands coups de clichés, légers comme de la DCA coréenne.

Rien de manque à ce war movie, y compris le petit message final : les deux familles sont restées très amies depuis la guerre…

Seul point positif, les combats aériens, formidablement filmés : on a rarement vu aussi bien.

Et pis y’a plein de Corsairs. Et c’est beau, un Corsair !




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