lundi 22 juin 2015


CineFast, on s’était dit rendez-vous dans 10 ans
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

CineFast est né le 22 juin 2005, avec une critique séminale du Snake sur L’Antidote, sobrement baptisé « Pourquoi ?« , en tentant de lancer une mode qui n’allait jamais prendre dans l’univers janséniste de CineFast : la « Chronique avec Photo »… il faut comprendre qu’il s’agissait avant tout d’une démo de la Direction Informatique de CineFast, un proof of concept qui permettait de valider l’EB formulée par le métier. Toutes les fonctionnalités de CineFast étaient pourtant déjà là : titre de la chronique, article, fonction gras et italique, et classement par rubrique. La charte graphique, d’une grande sobriété, allait faire date : beige dégradé, texte noir en Arial Black.

Depuis, pourtant, que de chemin parcouru ! Depuis cette nuit sans lune à Colombes, consacrée à David Fincher et qui devait donner naissance aux prémisses théoriques du Cinéma Chrétien, et au concept de GCA, encore à naître.

Pour une commémoration, il est d’usage d’aligner des statistiques, mais le Professore peut juste vous dire qu’il y a 1218 critiques dans la base et quelques milliers de lecteurs partout dans le monde. Il est plus intéressant de se pencher sur le fond, c’est à dire Topten de ces dix dernières années ; le meilleur – et le pire – du cinéma selon le Professore Ludovico depuis 2005. Ça donne ça :

Meilleurs films de la décennie :
2005 – Closer
2006 – Syriana
2007 – Control
2008 – Un Conte de Noël
2009 – Un prophète
2010 – The social network
2011 – Une Séparation
2012 – Les Enfants de Belle Ville
2013 – Ma meilleure amie, sa sœur et moi
2014 – Mommy

Pires films des dix dernières années :
2005 – Bataille dans le ciel
2006 – ex aequo : Arthur et Les Minimoys et Le Dahlia Noir
2007 – Lady Chatterley
2008 – Phénomènes
2009 – Good Morning England
2010 – Skyline
2011 – Les Tuche
2012 – Prometheus
2013 – Man of Steel
2014 – Le Hobbit – La Bataille des 5 Armées

Qu’en conclure ? La disparition progressive – et programmée – du cinéma qui faisait CineFast : la mort de Don Simpson, Jerry Bruckheimer chez Disney, mais surtout le 11 septembre 2001 ont précipité l’effondrement de la GCA, du TopTen vers le BottomFive : Skyline ou Phénomènes, Man of Steel ou Le Hobbit. La constante détestation de Ridley Scott (ou l’amour contrarié, selon la façon dont on voit les choses), s’est poursuivi année après année, du premier article au désastre Prometheus. Réciproquement, la présence de plus en plus évidente d’un cinéma d’auteur : cinéma indépendant US (Closer, Ma meilleure amie, sa sœur et moi) mais aussi cinéma « français » (Le conte de Noël, Un Prophète, Mommy) et horreur, malheur, de deux films iraniens : les Etats-Unis d’Amérique ont tout simplement perdu la guerre.

Ou plutôt, ils ont gagné l’autre guerre, celle de la télévision. Je vous laisse, True Detective m’attend.

En attendant :

On s’était dit rendez-vous dans 10 ans
Même jour, même heure, même pommes
On verra quand on aura 30 ans
Sur les marches de la place des grands hommes




samedi 2 mai 2015


Boardwalk Empire
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Boardwalk Empire est une série du milieu. C’est-à-dire, pas la daube habituelle des soirées TF1 ou France2, mais pas non plus le chef d’œuvre immanent. On sent un peu trop le pitch marketing qui pointe, ce qui n’est pas l’habitude de HBO : un film d’époque en costume avec du sexe et de la violence. Les Soprano, pendant la Prohibition. Ou le Game of Thrones des Années 20. Ou le Deadwood de la côte est.

Pour autant l’époque est passionnante (voir la série documentaire de La Prohibition de Ken Burns) ; l’Amérique en train de se construire tandis qu’un trafic (d’alcool, mais ce pourrait être la drogue) peut tout aussi bien la détruire. Et comment le trafic défait le tissu même des institutions, de la police, de la justice, des politiciens…

Ce qui est intéressant dans Boardwalk Empire, ce n’est pas la reconstitution (entre parenthèses, un petit peu empruntée, un peu trop propre) mais plutôt la création d’un personnage génial, Nucky Thompson, joué par un comédien tout aussi génial, Steve Buscemi, que nous aimons depuis Jarmush ou les Frères Coen (Miller’s Crossing, Fargo, Big Lebowski) mais aussi pour ses rôles délirants chez Bay/Bruckheimer (Les Ailes de l’Enfer, Armageddon, The Island)

Ce personnage de Nucky Thomson, c’est l’incarnation même du réalisme politique. Dès les premières secondes du premier épisode, il fait un discours très émouvant sur la façon de sortir d’une famille alcoolique devant une assemblée de suffragettes, évidemment fer de lance des prohibitionnistes. Nucky sort de la salle, et avec un flegme très buscemiesque, lampe une gorgée de whisky et enchaîne une autre réunion évidemment abolitionniste. La série incarne cela, la capacité à survivre dans un monde de brutes – la politique à Atlantic City dans les Roaring Twenties – grâce à un réalisme et un pragmatisme sans faille. Gérer les problèmes les uns après les autres, avec la famille, les amis, les amis des amis, les gens qui votent pour vous et les gens qui ne votent pas pour vous. En utilisant parfois par la violence mais en l’évitant le plus possible, quitte à acheter la paix à prix fort. Nucky est le Louis XI d’Atlantic City.

Steve Buscemi était déjà un immense acteur ; il prouve ici sa capacité à tenir une série de bout en bout avec son physique ingrat et ses fêlures internes, au milieu d’un cast énorme.

Si le série reste assez classique, elle vaut le détour rien que pour cela.




dimanche 5 octobre 2014


Passerelles
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Des fois, tout se combine à merveille. On vous fait la leçon sur la cinéphilie à réinventer et la nécessité d’assumer Michael Bay et Jerry Bruckheimer. Deux jours avant, on avait vu un film français, c’est rare et on vous le conseillait. Et puis, on lit Libé et c’est quoi le titre du fameux questionnaire de Proust cinéphile « Séance Tenante » :
Le cinéaste dont j’ose dire du bien ? Michael Bay.

Et qui dit ça ? Thomas Cailley, Monsieur Les Combattants.

Tout se tient. Même s’il ajouté « Michael Bay, mais pas trop longtemps », l’argument est quand même là. Quand quelqu’un aime bien quelque chose que j’aime bien, il y a des chances que j’aime bien ce quelqu’un.. Beethoven mène à Burgess. Burgess mène à Kubrick. Qui mène à Pink Floyd. Qui mène à Burroughs.

Depuis toujours la transmission de la culture se fait ainsi, par passerelle. Et ces passerelles, c’est à vous de les construire.




jeudi 31 janvier 2013


The Rock
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films -Les gens ]

En 1996,  The Rock signe l’aboutissement du film « High Concept » mis en place par le duo  de producteurs Simpson/Bruckheimer ; une aventure des eighties à découvrir dans Box Office, le passionnant livre de Charles Fleming consacré à Don Simpson.

Or ce film, c’est aussi le dernier : la même année, Don Simpson meurt dans ses toilettes, une bio d’Oliver Stone à la main. Incident cardiaque, dû à l’abus de médicaments et de drogues. Simpson ne verra pas Armageddon, futur film de leur poulain Michael Bay. Or, The Rock n’est que le brouillon d’Armageddon, en alignant les mêmes thématiques, et les mêmes figures de style. Démonstration.

Le parcours du héros

The Rock et Armageddon, c’est – malgré les apparences – la même histoire, le même Parcours du Héros Simpsono-Bruckheimerien. Deux types ordinaires, deux real McCoys sauvent la planète, en combattant à la fois l’ennemi intérieur (qui n’en est pas vraiment un) et l’Etat Tyran  (qui nous a vraiment mis dans le pétrin).

Dans Armageddon, c’est le duo Willis/Affleck, binôme antique Vieux Con/Jeune Con, qui sauve la planète, aidé par une joyeuse bande de Village People issue des recoins de l’Amérique trash. Dans The Rock, ce binôme est déjà là : Nicolas Cage débute sa fructueuse coopération avec les S&B dans le rôle de Stanley Goodspeed (« Bon vent » en anglais (1)), un ingénieur spécialisé dans les armes bactériologiques. Sean Connery est John Patrick Mason, un ancien détenu d’Alcatraz, évadé multirécidiviste. Les voilà obligés de faire équipe pour empêcher un général renégat, Hummel, (Ed Harris, en beauté !), de bombarder San Francisco, pour (sic !), restaurer l’honneur perdu des centaines de Marines morts au combat dans des missions secrètes. Pour cela, le duo Mason/Goodspeed doit se rendre sur The Rock, qui n’est pas un astéroïde tueur mais bien la prison d’Alcatraz, dans la baie de San Francisco.

L’Etat Tyran, l’Etat Menteur

Constante américaine, constante républicaine, constante simpsono-bruckheimerienne : depuis la Révolution de 1776, les américains semblent vivre dans l’angoisse du retour de la tyrannie, sous la férule d’un ennemi extérieur (les british, les communistes, les extraterrestres), ou intérieur (l’administration fédérale, le FBI, Washington) (2). Un propos parfaitement illustré par X-Files, 24 ou Homeland.

Mais chez Simpson/Bruckheimer, l’ennemi extérieur n’existe pas. Les Russes d’Armageddon sont nos amis. Les Russes d’USS Alabama sont nos amis, aussi, à part quelques exaltés, vite réduits au silence par les troupes loyalistes. Il y a bien une menace extérieure dans Top Gun (des Lybiens), mais le véritable ennemi de Maverick, c’est lui-même. La constante de Simpson/Bruckheimer, c’est bien la tyrannie intérieure, le risque d’un état centralisateur, omnipotent, manipulateur, qui commande tous les espaces de nos vies. L’état est une menace ; l’état, c’est LA menace.

C’est précisément l’argument de The Rock : le Général Hummel prend Alcatraz, ses 80 touristes, et la ville de San Francisco en otage pour extorquer au gouvernement 100M$ : une récompense pour les familles des soldats morts en opération secrète, sans sépulture. On n’a rien dit aux familles : premier mensonge. Cet argent, Hummel veut qu’il provienne des trafics d’armes de la CIA, c’est à dire l’Irangate (vente d’armes à l’Iran pour financer les Contras nicaraguayens). Deuxième mensonge.

Pour cela on fait appel à Mason, un type qui a passé trente ans à Alcatraz, parce qu’il est l’agent secret britannique qui a volé… les dossiers secrets de Hoover ! « This man knows our most intimate secrets from the last half century! The alien landing at Roswell, the truth behind the J.F.K. assassination. » Troisième, quatrième, cinquième mensonge !!! L’état nous ment, et il nous ment depuis toujours ! Kennedy, Zone 51, Irangate.

Dans cette introduction, Bay a posé le dilemme : même si ses méthodes sont contestables, Hummel met le doigt où ça fait mal, sur l’état manipulateur, qui surveille les citoyens, bafoue leurs libertés individuelles, et qui – terrible péché – nous ment. Comme dans Armageddon, Ennemi d’Etat, USS Alabama, ou Déjà Vu.

Cela permet de justifier – au passage – le port d’arme, autre obsession redneck. Chaque citoyen devant être capable, comme les Minutemen de 1776, de se retrouver armes à la main pour casser de l’Habit Rouge. C’est traité ici au travers d’une blague : le gardien d’Alcatraz n’est pas autorisé à porter une arme (comme s’il pouvait faire quelque chose contre cinquante marines surentrainés !) Une mama noire, touriste otage, se moque de lui : « Oh you’re not allowed to carry a gun? I got a goddamned gun! If I’d’a known this was gonna happen, I’d’a brought my mother-fuckin’ gun! » Si on avait armé les citoyens, tout cela ne serait pas arrivé ; heureusement, deux citoyens lambda vont prendre les choses en main.

Le Président des Etats-Unis, créature luciférienne

Si les démocrates – et donc Hollywood en général – magnifient souvent la fonction (A La Maison Blanche, Président d’un Jour, Deep Impact, 2012…), c’est une antienne du cinéma « républicain », que d’en faire la critique. Avec une autre illustration de la tyrannie : l’imagerie présidentielle.

Dans Armageddon, POTUS (3) donne l’ordre de faire sauter l’astéroïde et sacrifie ainsi Bruce Willis. Idem dans The Rock : le Président ne croit plus en Goospeed et Mason, il envoie donc ses avions bombarder le rocher d’Alcatraz, alors que nos héros sont justement sur le point de stopper Hummel et ses Marines terroristes.

Manque de confiance dans l’héroïsme du Citoyen lambda ? Usage inconsidéré de la force brute ? Décisions absurdes, prises dans le brouillard ? Cette critique de la fonction présidentielle est déjà développés dans l’USS Alabama de Tony Scott, où des procédures foireuses, sans tête, rédigée en haut lieu sans le pragmatisme du terrain manquent de mener à l’apocalypse nucléaire, c’est à dire : l’Armageddon.

Comment mieux illustrer ce gouvernement « sans tête » ? En évitant de le filmer. Dans toutes ces oeuvres, on ne voit rien du Président des Etats-Unis. Invisible dans USS Alabama, simple regard bleu-vert dans The Rock, nimbé d’une sorte de vapeur (le diable ? l’indécision ?), et carrément dans l’obscurité du Bureau Ovale dans Armageddon, tel Méphistophélès dans les ténèbres, force immatérielle possédé de noirs desseins.

Les soldats perdus de l’extrême droite

Les extrémistes de droite sont des personnages récurrents dans l’univers Simpson/Bruckheimer. Provocation Sudiste et républicaine (4) vers un Hollywood Nordiste, bien-pensant et démocrate ? Pas seulement. Les personnages très à droite de leurs films sont toujours nuancés et un perpétuel mouvement de balancier vise à les mettre en perspective. D’abord de manière très négative, puis sensiblement positive, jusqu’au point où ces films finissent irrémédiablement par sonner comme un plaidoyer avec circonstances atténuantes. Un processus tout à fait à l’œuvre dans Le Plus Beau des Combats, mélo sur le foot US, sorti en 2000. Le facho n’est pas celui qu’on croit : l’entraineur sudiste a les idées plus ouvertes qu’on ne le suppose de prime abord, et le vrai facho (sur le terrain, du moins), c’est Denzel Washington, le coach noir imposé au premier. A la fin, ce mouvement de balancier aura « positivé » les deux personnages, qui deviendront amis, comme dans la vraie vie.

Dans The Rock, Michael Bay poursuit ce même but : Hummel est d’abord présenté comme un personnage sombre, terrifiant et sans pitié : il fait tuer des dizaines de soldats pour s’emparer des munitions. Mason – tout à son rôle de sidekick british – moque l’absurdité de la démarche (et au passage, du scénario !) : « I don’t quite see how you cherish the memory of the dead by killing another million. And, this is not combat, it’s an act of lunacy, General Sir. Personally, I think you’re a fucking idiot. » Cette autodérision scénaristique est une indication du caractère comique, autoparodique, de The Rock.

Mais ensuite, Hummel révèle une grande compassion pour tous les soldats, amis ou ennemis, et un grand sens de l’honneur (5). Dans un mexican standoff (6) d’exception, les Navy Seals (commandés par Anderson, un officier ayant servi sous les ordres du Général) se font piéger dans les douches d’Alcatraz, ce Fort Alamo du pauvre. Ils refusent de se rendre, et se font abattre jusqu’au dernier.

Hummel, consterné par un massacre qu’il a tenté d’éviter, montre alors toute son humanité (au mépris de tout réalisme scénaristique !) Hummel est certes un facho, mais 1) il a des raisons valables (le message politique du film, voir plus haut), 2) il peut se montrer humain. A la fin du film, Hummel déviera même un missile avant sa chute fatale sur San Francisco. « Me prenez-vous pour un dément ? Je n’allais pas tuer des milliers de gens !! » : Hummel admet sa défaite, et demande à ses hommes de se rendre. Mais certains ne sont pas aussi nobles : « I want my fucking money !!! » Ce sont eux, les véritables traîtres. Ils n’étaient là que pour l’argent, pas pour l’honneur. CQFD.

La Loi du Talion

« L’Europe est baignée dans le culture du Nouveau Testament (égalité, charité, pardon), tandis les Etats-Unis sont dans le culte primitif de l’Ancien Testament (Dix Commandements, Loi du Talion) » Si je me permets de citer la théorie du FrameKeeper, c’est que c’est une constante du cinéma US, qui irrigue tout aussi bien le film d’action (La Loi du Talion) que la comédie (happy ending sur les valeurs familiales). The Rock, mi-film d’action, mi-comédie, possède évidemment les deux.

Quand sonne l’heure du jugement, séparant le bon grain de l’ivraie, Hummel « l’Homme d’Honneur » meurt dans les bras de Goodspeed, qui a tenté de le sauver d’un deuxième mexican standoff. Comme un châtiment divin, il répond au premier : « Qui vit par l’épée périra par l’épée ! » Les autres terroristes subissent également la Loi du Talion, symboliquement punis en fonction des crimes commis : empalé par le missile qu’il allait lancer, ou avalant la munition bactériologique qu’il allait répandre sur San Francisco.

La rédemption des pères

Si les femmes sont rigoureusement absentes de The Rock, hormis les quelques apparitions habituelles (et minuscules) de la Fille ou de l’Epouse/Mère (7), c’est que le thème de la famille, et particulièrement des défaillance paternelles, est central.  En mineur dans The Rock, et en vrai thème dans Armageddon, les pères sont à la ramasse à Alcatraz.

Mason a passé sa vie à tenter de s’évader (dans tous les sens du terme) et n’a jamais vu sa fille. Nick Cage est un adulescent, qui tripatouille sa guitare et commande via Fed-Ex des vinyls des Beatles ; il ne veut pas d’enfant. Pas de bol, sa compagne est enceinte.

Voilà donc nos deux personnages principaux confrontés aux affres de la maturité. C’est l’objet d’une scène, lourde de sens, au sommet de San Francisco, dans le jardin du Musée des Beaux Arts (le bâtiment s’appelle aussi Legion of Honor !) Au milieu de colonnes grecques, de l’Athena moderne, nos deux mâles gagnent en sagesse : Mason promet à sa fille de revenir, en faisant un mea culpa retentissant, et Goodspeed lui sauve la mise (en faisant croire qu’il est « en mission », et pas évadé de nouveau)…

Même cause, même effet dans Armageddon. Bruce Willis n’a pas été un bon père pour Liv Tyler : sa rédemption finale sera de « confier » sa fille à Ben Affleck. Will Paxton est divorcé : il retrouvera épouse et enfant. Steve Buscemi est un obsédé sexuel : il voudra un enfant, après ses exploits interstellaires. La morale est sauve : tout désordre, même après la pire catastrophe humaine possible (l’armageddon !) doit retourner à l’ordre moral, social et familial, dans la plus pure tradition puritaine US.

Le Rookie/L’Homme d’Expérience

Etait-ce une allégorie de leur propre association ? Ou le signe de brûlures plus intimes ? Les deux producteurs ont multiplié les duos de mâles dans leur cinématographie : 48 heures, Le Flic de Beverly Hills, Bad Boys, USS Alabama, Jours de Tonnerre, jusqu’à ce duo de père et fils virtuels.

Mason, le Père, a tout raté : il multiplie les conseils à Goodspeed, son « Fils », lui-même père en devenir : « Losers always whine about their best. Winners go home and fuck the prom queen ! » ; « I’m fed up saving your ass. I’m amazed you ever got past puberty. » ; « I’m sure all this will make a great bed time story to tell your kid. »

Selon les canons de la comédie américaine, ces personnages ne sont que deux faces interchangeables, que l’on réconcilie à la fin. Goodspeed devient courageux et bagarreur, Mason devient sage et plein d’honneur. Le coup de génie étant d’avoir inversé les rôles au début. On croit que Mason est un vieux gâteux, il est en fait un agent secret en forme exceptionnelle, et Goodspeed, qui a montré son courage dans l’intro en désamorçant une bombe bactériologique serbe, se révèle plutôt poule mouillée. Les scènes d’action du milieu du film s’en trouvent renforcés, car le spectateur jubile devant l’énergie du vieux et le regard perpétuellement effrayé du rookie, le tout appuyé de dialogues délicieusement hardboiled (« Je vais très bien, CONNARD !!! »).


Le partenariat avec la Navy

Avec Top Gun, les Simpson Bruckheimer ont développé un partenariat riche avec l’US Navy (8). La Marine avait mis à leur disposition porte-avions et F-15 sans compter, elle fut récompensée par un clip de recrutement de 110 mn. Ces bonnes relations serviront ensuite à monter USS Alabama, et The Rock. Les « méchants » sont des Marines, les gentils des Navy Seals, et les méchants avions qui vont les bombarder sont eux aussi prêtés par la Navy (mais on cache soigneusement leur appartenance !)

Figures stylistiques

Côté style, rien de nouveau sous le soleil : l’œuvre simpsono-bruckheimerienne n’est qu’un éternel work in progress, de Flashdance  aux Experts. Entre les deux, la « patte » S&B se sera installée, elle aura même fait florès dans tout Hollywood.

Côté image, The Rock perfectionne le look fluo mis en place dès Top Gun. Vert et bleu pétant, et jolis filtres Belkin, furieusement eighties, pour des couchers de soleil couleur tabac. Côté musique, grosse pop qui tache pour vendre des CD, et musique russo-wagnérienne de gros tonnage pour le reste.

Au-delà de cette averse de couleurs et de sons, un déluge phénoménal de cascades et d’explosions, même quand l’action le justifie peu. L’évasion de Mason dans San Francisco donne lieu par exemple à une course-poursuite dantesque et totalement irréaliste (la Ferrari 355 explosant fenêtres et devantures sans jamais se rayer, jusqu’à sa destruction finale.) Le tout, faut-il le souligner, sans aucun trucage numérique…

Ce style apocalyptique est devenu la marque de fabrique de l’usine Bruckheimer. Des Experts à l’ensemble de la filmographie qui va suivre : Les Ailes de l’Enfer, 60 Secondes Chrono, Black Hawk Down, Bad Company, The Island, Transformers

Mais The Rock est sûrement l’apogée de ce style. Don Simpson va mourir. Le duo commençait à battre de l’aile, devant ses excès coke-médocs-putes, mais la mort de Simpson va profondément affecter Jerry Bruckheimer. De fait, sa production va s’assagir : moins de violence (Coyote Ugly), plus de films familiaux grâce à un contrat en or avec Disney (Pirates des Caraïbes, Benjamin Gates), ou plus profonds (Le Roi Arthur, Le Plus Beau des Combats). Il entamera aussi une série de succès exceptionnels à la télé avec Les Experts, mais aussi Cold Case, et FBI : Porté Disparus.  Aujourd’hui, son royaume est consensuel. Question de business, mais aussi d’âge.

De son côté, Michael Bay sera finalement le plus fidèle continuateur (9), avec des films sur-vitaminés (Bad Boys II), mais eux aussi plus profonds (The Island), ou plus familiaux, sous influence de Spielberg (Transformers)

The Rock, (Ge Rock pour les intimes, attachés à la prononciation toute particulière de Sir Connery) sera évidemment massacré par la critique à sa sortie et tout aussi évidemment un formidable succès en salle.

Il reste aujourd’hui le parangon de ce cinéma drôle et écervelé.

Et, disons-le tout net, un classique.

  1. On dit aussi God speed, ce qui est aussi le nom d’un bateau célèbre, chargé de colons qui qui fondèrent la colonie de Jamestown en Virginie. Les Pères Fondateurs, encore, toujours.
  2. Comme le dit le Commandant Anderson (Michael Biehn), chef des Navy Seals venus l’intercepter : « But like you, I swore to defend this country against all enemies, FOREIGN, sir… and DOMESTIC »
  3. President Of The United States
  4. Jerry Bruckheimer est un des rares donateurs du parti républicain à Hollywood
  5. Tout comme le personnage de Déjà Vu, interprété par Jim Caviezel
  6. Figure de style chère au western spaghetti, où trois cowboys  (ou plus) se menacent mutuellement. Ça finit en général par un carnage.
  7. On notera l’obsession Bayenne pour les filles pointues, aux yeux en amande et brunes : Kate Beckinsale dans Pearl Harbor, Liv Tyler dans Armageddon, Vanessa Marcil dans The Rock, Megan Fox dans Transformers
  8. Il faut à ce propos absolument lire l’excellent livre de Jean-Michel Valantin « Hollywood, le Pentagone et Washington, Les trois acteurs d’une stratégie globale ».
  9. Il fera encore trois films avec Jerry Bruckheimer : Armageddon, Pearl Harbor et Bad Boys II

 




dimanche 25 novembre 2012


Le Stratège
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Le baseball, Aaron Sorkin, Brad Pitt, Soderbergh (puis finalement Bennett Miller aux commandes), voilà une affiche alléchante. Les américains sont passés maîtres dans le film sportif, probablement parce qu’évoluant dans une société plus égalitaire, le mépris du sport qui règne dans nos contrées n’existe pas outre-atlantique. Hollywood ne rechigne pas à faire des films sur le sport, sa beauté, son ingérable dramaturgie. La France, qui a pourtant de belles histoires sportives à raconter (France 98, le Tour de France, Noah, Tabarly…), nous en prive depuis toujours. La faute à la bourgeoisie française, qui fournit son quota de réalisateurs, et, partant, ses préoccupations et ses sujets.

Ici, Le Stratège entre dans cette longue lignée de film sur le baseball, mais amène un truc en plus, une modernité troisième millénaire qui est son principal atout : un film intelligent, subtil, pas si empathique que ça avec son héros. Un antihéros, plutôt : Brad Pitt est Billy Beane, ex-grand espoir du national pastime, mais qui a raté sa carrière de joueur et est devenu manager général des Oakland Athletics, les A’s. Problème : son équipe a un tout petit budget et chaque année, elle se fait piquer ses meilleurs joueurs par les Yankees ou les Red Sox.

Comment faire, alors, si ce n’est innover ? Au détour d’une négo pour acheter un joueur, il repère Peter Brand, un geek du baseball, qui connaît par cœur toutes les stats des 20 000 joueurs de la MLB. Uniquement à l’aide de ces chiffres, le stratège va bâtir une équipe moins chère, mais efficace. Avant, il devra combattre les réticences internes, les barons du baseball, les medias, et même sa propre famille. C’est la que Le Stratège est le plus intéressant.

Brad Pitt, qui prouve une fois de plus son immense talent, malheureusement masqué par son aura de star, incarne un Beane sympathique, mais pas plus que ça : un type entièrement centré sur son objectif, sans état d’âme, capable de virer un type en deux phrases.

Le contraire, somme toute, du mélo wagnérien façon Bruckheimer, Le Plus Beau des Combats, pourtant film-étalon du film sportif selon le Professore.

La bonne nouvelle là-dedans, c’est que la télé vient enfin régénerer le cinéma moribond, via Aaron « Maison Blanche » Sorkin. Le Stratège serait alors en fait être l’évolution naturelle du biopic, modernisé par l’inévitable Sorkin, qui ré-invente le genre après The Social Network avec ce motto : nous émouvoir sur le sort d’un connard génial.




mercredi 3 octobre 2012


Les Hommes sans Loi
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Nous voilà donc, Théorème Rabillon et moi-même, à la fin de Lawless – la dernière coopération Nick Cave / John Hillcoat* – à échanger nos impressions… et on est d’accord : Les Hommes sans Loi ne décolle pas.

Car contrairement à la fabrication du whisky de contrebande – qui peut se faire à base de n’importe quoi, pourvu qu’on ait un alambic – un film se doit de mettre les meilleurs ingrédients. Comme un bon bourguignon. Si le vin est pas bon, le bourguignon est pas bon non plus.

C’est le cas de ce Lawless, qui dispose a priori de tous les atouts pour produire le meilleur : un scénariste prestigieux, si ce n’est doué, Nick Cave, de plus est héros personnel du Professore. Un réalisateur qui n’a pas ses deux mains dans le même panier, John Hillcoat (voir l’astérisque). Un chef op haut de gamme. Des acteurs talentueux (Shia LaBeouf, Tom Hardy, …) Un décor splendide (la Virginie). Une époque passionnante (la Prohibition). Des gangsters vénéneux (Gary Oldman). Un flic ultra corrompu (Guy Pearce). Des filles à poil (Jessica Chastain). Des poursuites. Des coups de feu. Une musique du tonnerre. Alors, qu’est-ce qui ne marche pas ? Mystère.

C’est lent à se mettre en route. Mais d’habitude, on aime que l’action soit posée convenablement. Les acteurs surjouent les péquenots, l’accent du sud, la bibine à la main : on pourrait appeler ça réalisme. Les intrigues sont trop nombreuses, et se mélangent un peu en désordre. Ça pourrait passer pour de la richesse scénaristique. Des invraisemblances : ça ne choquerait pas dans un Bruckheimer…

Non, vraiment un mystère.

C’est comme le soufflé : la recette est simple, mais la réalisation, c’est toujours hasardeux.

*Après Ghosts… of the Civil Dead, The Proposition, et La Route




vendredi 31 août 2012


Le vrai visage de Clint Eastwood
posté par Professor Ludovico dans [ Hollywood Gossip -Les gens -Pour en finir avec ... ]

Clint Eastwood est républicain. Ce n’est pas une tare en soi, beaucoup de gens talentueux à Hollywood le sont : Zack Snyder, Jerry Bruckheimer…

Mais, hier, le grand Clint est monté à la tribune de Tampa Bay pour soutenir Romney-Ryan, probablement le ticket le plus réactionnaire depuis la candidature de Barry Goldwater en 1964. Ces braves gens réclament (en gros) la peine de mort partout et l’avortement nulle part. Clint ne s’est pas contenté de faire une apparition, il s’est fendu d’un discours particulièrement démago, et anti-Obama.

C’est son droit.

Ce qui est cocasse là-dedans, c’est surtout l’admiration sans borne qui règne en France autour d’Eastwood, et tout particulièrement dans la presse de gauche*. A l’instar de Woody Allen (à l’autre bord politique), tout ce que fait le grand Clint est « le nouveau chef d’œuvre de Clint Eastwood » (on notera l’aspect unique du « le », dont la répétition année après année ne cesse de faire sourire).

Bref, Eastwood a fait des bons films, voire des très bons (Un Monde Parfait, Sur la Route de Madison, Million Dollar baby, Mémoires de Nos Pères**). Depuis, il vit sur ce capital de sympathie et enchaîne, il faut bien l’avouer, des nanars (L’Echange, J. Edgar, Gran Torino).

Espérons que le discours droitier de Eastwood Clint fera ouvrir les yeux sur l’œuvre de Clint Eastwood au trio Télérama-Libé-Inrocks.

* dans la même dimension, 24, la série la plus fascisante qui soit recueille aussi l’admiration du même type de presse

**Je ne suis pas un fan d’Impitoyable




lundi 20 août 2012


Tony Scott, un ouvrier à Hollywood
posté par Professor Ludovico dans [ Hollywood Gossip -Les gens ]

Triste nouvelle ce matin en ouvrant Internet : Tony Scott est mort. Pire, il s’est suicidé, en se jettant d’un pont de San Diego.

Tony Scott, frère de Ridley, était un pilier de l’analyse CineFastienne. Réalisateur de 26 films, dans la grande tradition des faiseurs d’Hollywood, producteur de films et de séries, publicitaire renommé, il s’était fait connaître par Les Prédateurs, et son célèbre trio vampirique Sarandon-Bowie-Deneuve.

Immédiatement repéré par les Simpson-Bruckheimer, il enchaînera avec eux pendant quinze ans quelques joyaux de la GCA (Top Gun, Le Flic de Beverly Hills II, Jours de Tonnerre, Revenge, True Romance, USS Alabama, Ennemi d’Etat).

La décennie 2000 verra son talent s’émousser, trop marqué par ce style coloré des productions Bruckheimer, désormais partout, et repris par ses propres disciples (Michael Bay).

Pendant ce temps, Don Simpson mourrait et Jerry Bruckheimer assurait un tournant plus familial à ses productions.

A partir de là, Tony Scott tournera surtout avec Denzel Washington (Man on Fire, Domino, Déjà Vu, L’attaque du Métro 1 2 3, Unstoppable) ; il produira aussi des séries (Numb3rs, The Good Wife, Les Piliers de la Terre…)

Son cinéma était efficace, puissant, toujours au service de ses histoires. Il n’a jamais eu la prétention des œuvres de son frère Ridley, ce qui explique qu’il n’a réalisé aucun chef d’œuvre, mais aussi qu’il a échappé à la vindicte des déçus.

Le cinéma de Tony Scott était dans la pure tradition Hollywoodienne.




mercredi 25 juillet 2012


The Dark Knight
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

The Dark Knight pose un problème majeur au CineFaster. Œuvre à la croisée des mondes, mi-auteuriste (réflexions sociologiques sur l’évolution des sociétés contemporaines), mi-GCA/conte de fée avec explosions en cascades et poursuites haletantes.

Son succès colossal (1 milliard de dollars), et la place qu’a pris Christopher Nolan sur ce terrain (il est aux commandes de l’autre grande franchise DC Comics, Superman (Man of Steel, dirigé par son concurrent Zack Snyder), pose question.

Qu’est-ce qui remue autant les foules autour de Batman ? On en parle ici, mais le succès colossal de l’épisode 2 est intriguant. Il y a bien sur la performance du Joker, et le suicide par overdose de son incroyable interprète Heath Ledger, qui a boosté la curiosité autour du film. Il y a aussi la personnalité du Joker (on en parle ici), véritable métaphore du refoulé américain.

Mais le film ? Bien sûr, on est abasourdi devant un tel feu d’artifice : personnages innombrables, casting Triple A, intrigues qui s’accumulent et rebondissent dans tous les sens (la fameuse scène du ferry), poursuite et combats ininterrompus… le CineFaster ne peut qu’applaudir à deux mains devant tant de talent, supérieur au déjà très bon Batman Begins. Mais à la fin, que reste-t-il ? Pas grand’ chose…

On aura du mal, par exemple, à raconter l’histoire de The Dark Knight, à part un improbable affrontement entre le Joker, Batman, des mafieux, et la naissance d’Harvey Dent, ancien District Attorney reconverti (de manière assez ridicule, comme d’habitude dans les comics) en superméchant vengeur, Double-Face.

Comme ailleurs, le talent de Nolan cache mal la pauvreté du propos. Et l’on avance ceci : si Zack Snyder, plus léger, plus fun, en un mot plus Bruckheimerien, faisait finalement un cinéma plus sérieux ? 300 laisse un souvenir plus clair, L’Armée des Morts est devenu un classique du film de zombies, Watchmen a une histoire compréhensible, et certes Sucker Punch était fun mais raté, mais on le savait dès le scénario…

Allez faisons un pari : dans vingt ans, on s’étonnera du succès benhurien de la trilogie Batman, qui sera passé du statut d’eskimo sucré à celui peu enviable de choucroute irregardable…




lundi 3 octobre 2011


11 septembre : et si Ben Laden avait gagné ?
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Une fois retombées les commémorations et analyses du 9/11, on peut légitimement se poser la question. L’islam n’est il pas, objectivement, plus présent dans nos vies que dans les années 90 ? Malgré les circonstances déchirantes (11 septembre, guerres d’Afghanistan et d’Irak), malgré les clivages « français contre musulman », (comme si on ne pouvait être les deux !), l’islam modéré s’est imposé dans nos vies.

Émissions sur le ramadan à la télé, intellectuel musulmans dans les débats, organisme de représentation de la communauté (Conseil Français du Culte Musulman, par exemple), toutes ces manifestations sont imparfaites, mais elles n’existaient pas dans les années 90. On pourrait même dire que les musulmans n’existaient pas. Aujourd’hui, comme dans Une Séparation, et malgré les reportages racoleurs façons TF1, France 2 ou M6, on préfèrera une femme voilée modérée à une femme voilée ultra. Même si il n’est pas inconvenant de dire qu’on pourrait préférer pas de femmes voilées du tout.

C’est la victoire – paradoxale – d’Ousama Ben Laden. Il promettait un Islam de mort, il fait éclore un Islam modéré. Il voulait la destruction de l’Amérique, les américains préfèrent changer. Car c’est là l’objet de cette chronique. Si on accepte (et c’est un une obligation si on suit ce blog), si on accepte l’idée que le cinéma est l’âme d’une nation, alors, oui il est évident que les USA ont changé. Leur cinéma n’est plus le même, et ne le sera jamais plus. La GCA, à base de Capitole en flammes, de terroristes faisant sauter le World Trade Center, et de Président US se bastonnant à bord de Air Force One, ce cinéma a disparu. Fini Armageddon, Independance Day, Air Force One, Le Pacificateur, et autres productions Simpson Bruckheimer.

Depuis le 11/9, ce type de film n’est tout simplement plus possible.

On notera que les buildings ont mis du temps à réexploser (Transformers, 2012, …) et que leur explosion laisse un gout amer dans la bouche. L’étonnant Déjà Vu, ou Source Code n’ont plus ce ton triomphaliste… A l’instar de ces deux tours qu’elle a mis 10 ans à reconstruire, le cinéma américain est-il en pleine reconstruction, ou se cherche-t-il encore dans les décombres. Depuis 2001, de grands films ont traité le sujet : Syriana, Jarhead, W, WTC, Brothers, et bientôt l’adaptation de Extremely Loud And Incredibly Close, de l’excellent Jonathan Safran Foer.

L’Amérique est entrée dans l’ère post-11 septembre : pour le meilleur, ou pour le pire ?