dimanche 23 juillet 2006


Les Berkman se Séparent (comment je me suis divorcé, ma vie sexuelle)
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Ceux qui crachent sur le cinéma américain, symbole de grosse machines et autres films de super héros en collant rouge, eh bien ceux-là ne vont tout bonnement jamais au cinéma. Car le cinéma yankee produit aussi chaque année des petites merveilles à l’européenne (que le conseil d’administration de CineFast me pardonne cette incartade).

Les Berkman se Séparent font partie de celle-là. On dirait du Woody Allen, si celui-ci avait du talent. 4 personnages se déchirent en une heure vingt, au cœur de New York, en 1986. Pourquoi 1986 ? On ne le saura jamais, mais sûrement qu’il y a du vécu là-dedans. Les acteurs sont formidables : Jeff Daniels, en divorcé imbu de sa personnalité, et de son (maigre) talent d’écrivain, n’arrive pas à digérer que sa femme le quitte (et qu’en plus, elle ait du talent et se fasse publier). Dans cette dérive, il essaie d’emmener son aîné, son fils préféré (génial Jesse Eisenberg, qui suit le schéma paternel en essayant de faire croire au gala de l’école qu’il a écrit Hey You des Pink Floyd). En face, Laura Linney, la mère protège son cadet (Owen Kline), qui profite lui du divorce pour découvrir les clopes, l’alcool, et de manière un peu frénétique, la masturbation.

Le tout se terminera devant une pieuvre géante, sans explication inutile…

Bref, un film à voir absolument avant de divorcer.

*Pour l’anecdote, c’est produit par Wes Anderson (La vie Aquatique) la pieuvre ?




dimanche 2 août 2015


While We’re Young
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

C’est possible pour tout le monde de chuter, même pour notre chouchou Noah Baumbach. Avec son dernier film, notre héros de Frances Ha et des Berkman se Séparent rate un peu sa cible. En anglais, on dit « tuer deux oiseaux avec une seule pierre ». Baumbach lance trop de pierres pour espérer en toucher un.

While We’re Young commence comme l’histoire, plutôt originale, d’un couple de quadras (Ben Stiller, Naomi Watts) qui tombent littéralement amoureux d’un couple de jeunes hipsters (Amanda Seyfried, Adam Driver). À contrecourant du misérabilisme habituel sur le temps qui passe, Stiller et Watts rajeunissent à vue d’œil, et c’est un spectacle en soi. Mais un spectacle pas drôle. Car voilà le problème, pour rire, il faut un enjeu contraire ; en gros que nos héros glissent sur une peau de banane…

Ce qui finit par arriver, les « jeunes » n’étant pas si purs qu’il y parait. Là où le film pourrait décoller, ça ne marche toujours pas. Parce qu’on a soudain du mal à croire ce que l’on désirait il y a cinq minutes, à savoir une couille dans le potage.

Puis on arrive à la conclusion, mi-chèvre, mi-chou ; les jeunes sont les jeunes, les vieux sont les vieux, et c’est bien comme ça… Bref on n’a pas compris où se trouvaient nos personnages, ni les intentions de Noah Baumbach …




mardi 13 mai 2014


Night Moves
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Devant l’indigence du cinéma américain actuel, qui ne laisse guère de choix entre épopées super héroïques en collants (le cinquième Spiderman, le dixième Avengers) et biopics dégoulinants façon Yves Saint Laurent/Grace de Monaco, il ne reste plus qu’à dénicher des petits bijoux indépendants si l’on veut voir un film. Un film, c’est à dire une histoire, des personnages, un propos. A l’évidence, des trucs, des machins, des choses que le marketing des studios et des distributeurs n’arrivent pas à positionner et qui n’ont pas vocation à rester dans une salle de cinéma plus de deux ou trois semaines. Il faut donc les repérer, puis trouver le temps pour les voir.

Pour Night Moves, c’est plus facile : en 2011, Kelly Reichardt nous avait livré un petit bijou, Meek’s Cutoff, La Dernière Piste, une épopée western – façon Antonioni – d’une famille traversant l’Ouest américain sur la Piste de l’Oregon. Et qui s’y perdait.

Nous voici à nouveau dans l’Oregon, mais aujourd’hui, dans cette Amérique de tous les contrastes. Une Amérique du meilleur et du pire, où la consommation est élevée à la hauteur d’un art absurde, mais aussi où celle-ci est la plus violemment combattue.

Il y a quelques années, lors d’un voyage d’études au pays de la libre entreprise, j’étais parti me baigner dans un lac. Un petit lac du Montana, entouré de villas « pieds dans l’eau ». On était mercredi, c’était le matin, il faisait beau. On était seuls au milieu de cette nature majestueuse. Tout d’un coup, le bruit d’un hors-bord pétaradant vint gâcher cette vision bucolique. Ce type n’allait nulle part. Le lac était trop petit. Il promenait seulement son hors-bord, de long en large, gâchant le silence.

Mais je me fis immédiatement la réflexion suivante « Comment renoncer à cela ? » Dans ce pays où tout est possible, où la nature est si vaste, si vierge, où la technologie rend tout possible, comment renoncer à tout le confort que l’Amérique procure, même le plus inutile ?

Pourtant, l’Amérique est sûrement le pays où la prise de conscience est la plus forte. Si Kelly Reichardt situe son action en Oregon – et notamment à Eugene – ce n’est pas un hasard. C’est l’une des villes les plus en pointe sur les préoccupations écologiques, le recyclage, l’agriculture bio.

Et donc de poser cette question en creux, via le dilemme de son héros. Josh (Jesse Eisenberg) est employé dans une ferme biologique, mais il veut aller plus loin pour protéger dame nature. Détruire un barrage. Pour cela il va acheter un hors-bord (tiens, tiens !), est aidé par une gosse de riche millénariste (Dakota Fanning) et un ancien Marine (Peter Sarsgaard). Si la terre n’a plus d’eau potable en 2048, qu’est-ce qu’on a à perdre ?

Cette première partie est en demi-teinte. On a du mal à cerner les personnages, et la description des milieux écologistes est assez ratée, gentiment caricaturale et en plus mal jouée. Les motivations de ces éco-terroristes n’est pas très claire…

Mais la deuxième partie du film se révèle bien plus intéressante. Après avoir décrit l’attentat comme un polar, Kelly Reichardt s’attache enfin à ses personnages et leur donne de la chair et du sang. Et de la culpabilité. Car malgré les grands principes, chaque acte porte sa part de responsabilité, et celle-ci peut-être écrasante. On se retrouve alors face à face avec si même, malgré l’engagement collectif. C’est la partie la plus intéressante de Night Moves, qui admet enfin avoir un personnage principal, en la personne de Josh.

L’acteur des Berkman se Séparent, et de Social Network, porte sur ses seules épaules toute ambiguïté du film, de ses personnages, et de la morale pas très claire du mouvement écologiste. Jesse Eisenberg fait enfin montre de son talent, un talent qui ne demande plus d’ailleurs qu’à briller sous d’autres cieux (pas geek, pas bougon, pas coincé…)

Quant à madame Reichardt, on continuera de surveiller ce qu’elle fait.




dimanche 14 juillet 2013


Frances Ha
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Il y a des films où vous vous demandez ce que vous y faites, et où soudain, en un plan, en une scène, ils vous happent, vous décollent du siège, et vous relâchent, abasourdis et heureux.

Frances Ha est de ceux-là.

Après une heure et demie, je me demandais si je ne m’étais pas emballé en vous recommandant – sans l’avoir vu – cet autoportrait woody-allenien, new yorkais en diable. Saynètes de la vie quotidienne, marivaudages de trentenaires, escapade à Paris, noir et blanc sublime (mais de rigueur), l’enthousiasme qui m’avait saisi dans Les Berkman se Séparent ne se présentait pas à ma porte.

Il a fallu juste un plan, le dernier, pour que tout se mette en place. Que le propos du film, éparpillé façon puzzle, prenne sens. Que la quête de Frances, cet enfant dans un corps d’adulte, prenne enfin son envol. Tout ce qui précédait n’avait été qu’un apéritif, avec ces histoires de thirty-something qui testaient amitié, couple, naissance, carrière : le cycle éternel de la vie et cette tournure très spéciale qu’elle prend pour vous si vous restez sur le bord de la route, tandis qu’amis et famille se casent… Cette épopée, Noah Baumbach nous la cachait depuis le début, derrière le visage adorablement drôle de sa compagne et co-scénariste, Greta Gerwig.

Il a fallu juste un plan, et nous sommes tombés amoureux…




mardi 2 juillet 2013


Frances Ha, avant-première
posté par Professor Ludovico dans [ Brèves de bobines -Les films ]

Malgré une actualité brûlante et un emploi du temps de ministre (Man of Steel toujours pas vu, Lost Saison 1 à lancer avec le Professorino, World War Z avec AG Beresford, divers DVD sur la pile et surtout Game of Thrones, Game of Thrones, Game of Thrones (!!!), le Professore prend le temps de vous conseiller un petit film pas cher qu’il n’a pas vu : Frances Ha. À l’instar de Charlie qui critiquait Orange Mécanique en 1971 « On l’a pas vu, mais c’est génial », Ludovico reprend cette joyeuse insouciance à son compte : « Frances Ha, je l’ai pas vu, mais c’est génial ».

Deux raisons d’y aller : 1, c’est un film de Noah Baumbach, le subtil auteur des Berkman Se Séparent, le chef d’œuvre comico-caustique sur le divorce. Si je vous dis que Baumbach fait partie de la bande de Wes Anderson (Moonrise Kingdom, Darjeeling Limited, La Vie Aquatique), vous aurez tout compris. C’est aussi l’auteur de Greenberg, ce que vient de découvrir le Professore Ludovico : Aargh, il l’a pas vu… c’est aussi l’homme qui a adapté pour la télévision Les Corrections, le chef d’œuvre de Jonathan Franzen et livre culte du Professore Ludovico ; il l’a pas vu non plus !*

2 Frances Ha, c’est Greta Gerwig, une comédienne brillante découverte dans Damsels in Distress, le coup de cœur de l’an dernier. Etrangement jolie, bizarrement drôle, cette fille a un boulevard devant elle.

Rien que pour Greta Gerwig, j’irais voir Frances Ha.

*Qu’attendent les télés francaises pour l’acheter ?




jeudi 2 février 2012


Jesse Eisenberg
posté par Professor Ludovico dans [ Les gens ]

IMDb, comme chacun sait, c’est la base. Je zappais sur le Star Trek de Monsieur Abrams (c’était ça ou les efforts grotesques de Terra Nova, ou la daube de Gladiator), quand j’ai voulu vérifier que Spock était joué par Jesse Eisenberg, le formidable Marc Zuckerberg de The Social Network ; raté, c’est Zachary Quinto, un acteur de 24 et de Heroes.

Mais sur IMDb, on surfe et on ne s’arrête plus. Surtout quand ça permet de découvrir que Jesse Eisenberg est Walt Berkman, dans ce merveilleux film qu’est Les Berkman se Séparent. Il interprète le fils aîné, un mytho qui prétend – lors d’un examen d’anglais -avoir écrit un très beau poème qui n’est autre que le Hey You des Pink Floyd. Les chats ne font pas les chiens : aussi bon en 2005, toujours bon en 2012…




dimanche 13 avril 2008


Darjeeling Limited
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Bon, Wes Anderson, c’est un peu le chouchou. On a aimé La Famille Tannenbaum, on a adoré La Vie Aquatique, et quand il produit les copains (Les Berkman se Séparent), c’est toujours sur le même thème : la famille, la famille, la famille ! On aime bien ses marottes : le rock 70’s, la France (Joe Dassin, Jacques-Yves Cousteau), ses acteurs fétiches (Schwartzman, Wilson, Murray), bref, Wes Anderson est un cinéaste sympathique.

Darjeeling Limited, c’est bien. C’est formidablement joué, monté, mis en scène, décoré, etc. C’est toujours aussi barré, burlesque que le reste, mais à mon goût moins émouvant et moins drôle que La Vie Aquatique, et peut-être un peu moins profond, mais c’est bien.

Wes Anderson est un esthète Voltairien : il faut profiter de la vie, cultiver son jardin, et ressortir d’une salle de cinéma le sourire aux lèvres : mission accomplie.

Allez donc vous débarrasser de quelques bagages inutiles à bord du Darjeeling Limited…




lundi 2 octobre 2006


Little Miss Sunshine
posté par Professor Ludovico dans [ Brèves de bobines -Les films ]

La France, fille Aînée de l’Eglise… du cinéma indépendant US ? C’est à se poser la question, après avoir vu Little Miss Sunshine, encensée par la critique : « incroyable petit film » « acide, tendre, cruel » « échappée drolatique » « Menée tambour battant », on vous passe les détails. Si vous avez lu ma critique sur Sideways, vous voyez où je veux en venir. Même film, mêmes effets sur la critique. Daniel Schneidermann ferait sûrement une excellent papier là-dessus, l’effet boule de neige sur des médias qui se montent le bourrichon pour décréter que tel film est Le Film Du Mois.

Ce film-là n’est pas mauvais, il est même drôle. C’est très bien joué. Voilà. C’est tout. Ca manque un peu de tout : un peu plus d’histoires, un peu plus drôle, un peu plus cruel, un peu plus caustique. Surtout qu’on peut trouver beaucoup mieux dans le genre : Les Berkman se Séparent, par exemple. La Vie Aquatique, récemment.