dimanche 31 mars 2013


Les Anonymes – Ùn’ pienghjite micca
posté par Professor Ludovico dans [ Les films -Séries TV ]

On avait adoré L’Exercice de l’État, on se jette sur Les Anonymes, de Pierre Schoeller. Mis à part l’accent marseillais – un peu raté – de Mathieu Amalric en Roger Marion, c’est à nouveau une copie parfaite.

L’arrestation, la garde à vue a rarement été aussi bien filmé, au cinéma et a fortiori à la télé. Schoeller mélange les formes (documentaire, témoignage, fiction, images d’archives, flashback) avec fluidité, pour expliquer comment on en est arrivés là : les magouilles du gouvernement pour jeter la discorde dans le mouvement nationaliste, la constitution – un peu en amateur – du commando des meurtriers de Claude Erignac, la violence psychologique, et parfois physique, de la garde à vue, tout cela est filmé de manière très cru. A la fin, les hommes, brisés (notamment par leurs femmes), avouent tout et balancent Yvan Colonna. Cette partie est passionnante, car foncièrement corse. Si Colonna est un homme d’honneur, il doit revendiquer le meurtre. Sous entendu : comme il ne le fait pas, il n’est pas un homme d’honneur, donc on n’a pas à le disculper… Pour des explications plus détaillées, consultez le Framekeeper, l’antenne corse de Cinefast.

Passionnant, très bien joué (Olivier Gourmet, Karole Rocher, Jean-Philippe Ricci, Pierre Alessandri), artistiquement filmé : que demande le CineFaster ?




samedi 30 mars 2013


Apollo 13
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Que reste-t-il d’un film ? D’une œuvre en général ? Le temps est un merveilleux tamis pour trier les chefs d’œuvre de la hype du moment, ou, sans être aussi sarcastique, du coup de cœur irraisonné.

Ce soir, on checke avec le professorino Apollo 13, le film de Monsieur Ron Howard, avec Monsieur Tom Hanks et une pelletée d’acteurs extraordinaires : Monsieur Kevin Bacon (Footloose, X-Men : Le Commencement) Monsieur Bill Paxton (Titanic) Monsieur Gary Sinise (Les Experts : Manhattan), et, évidemment, Monsieur Ed « Failure is NOT an option » Harris.

Le film est bon, bien sûr, si bon qu’il créera la matrice de la série De la Terre à la Lune : l’héroïsme de la NASA confronté au déclin médiatique de la conquête spatiale, la famille mise à mal, et évidemment, la nostalgies sixties. Tout cela fonctionne au petit poil, comme une Saturn V bien huilée.

Mais ce qui emporte le tout, c’est simplement la dernière scène, celle du retour de la capsule dans l’atmosphère. Ron Howard, arrive, en une dizaine de minutes, à faire oublier que nous savons déjà tout de ce happy ending. Les astronautes d’Apollo 13 n’ont pas péri dans la réalité, ils ne vont pas mourir ici. Pourtant, Howard réussi a créer un faux suspens autour de ces trois minutes fatidiques, ces trois minutes de silence radio, qui, s’ils se poursuivent au-delà, signifient la destruction de la capsule.

Howard est certes un bon technicien ; il a mis cet enjeu très tôt dans le film, dès l’accident : « Le bouclier thermique va-t-il résister ? » Il l’évoque à nouveau, à deux ou trois reprises, façon d’amener progressivement à la conscience du spectateur qu’il y a peut-être un problème de ce côté-là.

Mais surtout, Howard et ses acteurs créent dans Apollo 13 des personnages exceptionnels, profondément humains, avec leurs qualités et leurs défauts. Hanks-Lovell, capitaine courageux, Bacon-Swigert le seducteur parano, Paxton-Haise le bon camarade fragile. Kathleen Quinlan* fait une Marilyn Lovell, forte mais angoissée, qui vient renforcer ce canevas dramaturgique.

Mais c’est surtout Ed Harris* qui emporte la mise, pourtant dans un second rôle, plutôt discret au début du film : le Directeur de Mission de la NASA, Gene Kranz. Harris impose pendant tout le film un personnage bourru, autoritaire, mais soucieux avant tout du retour de trois hommes coincés dans quelques centimètres cube de métal au fin fond de l’éther intersidéral.

C’est quand les communications reviennent, après 4 minutes d’insoutenable suspens, et qu’Ed Harris consent enfin à s’asseoir sur sa chaise, les yeux embués de larmes, qu’Howard colle justement le spectateur à son siège, appliquant ainsi la règle du transfert, qui a pour but de maximiser l’émotion en mettant le spectateur dans la même situation que le personnage à l’écran.

Dans cette scène, d’une simplicité extrême, Howard a tout simplement transformé un biopic quelconque en classique instantané.

* Ces deux acteurs seront « récompensés » par deux nominations à l’Oscar du meilleur second rôle




mardi 26 mars 2013


Une Pure Affaire
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Accumuler les clichés ne fait pas un film. C’est la leçon d’Une Pure Affaire, un film malin, trop malin. Si son histoire est bonne (que feriez vous si vous trouviez un kilo de cocaïne ?), son traitement est raté, en grande partie parce que par Alexandre Coffre hésite en permanence entre le drame social et la comédie de mœurs. Il faut respecter le genre, comme dirait le Professore.

Mais comme Coffre est malin, qu’il filme très bien, que sa musique est jolie, et qu’il a de bons interprètes (Pascale Arbillot, pour l’épouse, Laurent Lafitte, pour le collègue odieux), il se croit tout permis. On imagine les conversations avec le scénariste, c’est-à-dire lui-même :

– « A ce moment-là, on passe à l’acte 2 ; le spectateur doit comprendre le débat moral ; est ce vraiment bien de vendre de la drogue ? Comment illustrer cela mon petit Coffre ?

– Et bien Alexandre, si on mettait ça dans la bouche de l’ado ? Genre renversement des valeurs, les jeunes qui donnent des leçons aux vieux ?

– Pas mal, ça, mon petit Coffre ! Effet comique garanti, et on sent bien le changement d’acte ! Écris-moi ça vite fait coco ! »

Qu’on ne se méprenne pas : ce genre de réflexion existe est indispensable sur n’importe quel film. Ce qu’on reproche à Une Pure Affaire, c’est de s’arrêter là, à ne pas peaufiner son ouvrage, à ne pas travailler son sujet, à se reposer entièrement sur les dialogues, ce qui rend le film peu subtil.

Deuxième fausse bonne idée : François Damiens. Autant le comédien est drôle, autant il peut sûrement, un jour, être utilisé dans un drame, autant là il est faiblard, toujours à mi-chemin entre Les Caméras Planquées et le juriste émouvant qu’il devrait être.

Le symbole en fait, de ce film entre deux chaises qu’est Une Pure Affaire.

PS On ajoutera – une fois de plus – que le monde de l’entreprise est traité dans Une Pure Affaire de façon parfaitement caricaturale, une constante dans le cinéma français.




lundi 25 mars 2013


102 minutes qui ont changé le monde
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Très beau et très simple documentaire en diffusion actuellement sur France4 : la compilation de toutes les images filmées le 11 septembre 2001 au moment de l’attentat, jusqu’à l’effondrement des deux Tours.

102 minutes donc, sans commentaire, sinon le doublage des voix. Pompiers désemparés, flics paniqués, new yorkais curieux ou abasourdis… il est difficile de s’extraire de l’idée qu’on est devant une immense GCA : bâtiments qui s’écroulent, américains en panique ou réclamant vengeance.

Mais cette fois-ci, pas d’extraterrestres, pas de météore tueuse, pas de complot d’un terroriste blondinet voulant s’emparer des réserves d’or des Etats-Unis. La réalité brute : un attentat, réussissant bien au-delà des espérances de ses initiateurs, en abattant d’un seul coup le plus grand des symboles : le Centre Commercial du Monde, le World Trade Center.

Ces images, par définition non censurées, on ne peut pas les voir au cinéma : les salariés du WTC, piégés dans les étages supérieurs, agitant des torchons blancs, comme s’ils se rendaient après un siège, ou le nuage de la tour qui s’écroule – énorme –, comme une créature douée de raison, envahissant les rues de Manhattan jusqu’à obscurcir toute vision. Et aussi, cette image, jamais vu ailleurs que dans la GCA, d’une Amérique en guerre, bombardée comme une vulgaire rue palestinienne ou irakienne, et ces milliers de réfugiés s’enfuyant par les ponts.

Même si l’on croit tous avoir vu le 11 septembre, on ne l’avait jamais vu comme ça.




dimanche 24 mars 2013


Hollywood Babylon enfin en français !
posté par Professor Ludovico dans [ Hollywood Gossip -Les gens ]

Après des décennies d’attente, le livre culte de Kenneth Anger est enfin traduit : Hollywood Babylon*, le brûlot trash que tout CineFaster se doit de lire dans sa vie. Et ceux qui pensent que c’était mieux avant devraient lire aussi, tiens !

Car on oppose souvent un Avant mythique – les années 20 ou d’autres -, que l’on pare de toutes les vertus, morale et bienséante, à notre époque moderne, soi-disant gangrenée de tous les excès, fric, drogues et sexualité débridée.

Hollywood Babylon a ce mérite ; ce n’était pas mieux avant, et parfois, c’était pire. L’Hollywood des années folles était une véritable Sodome et Gomhorre, où peu de gens finissent changés en sel. Pédophilie, partouzes, voyeurisme, drogue, alcool, meurtre, extorsion, tout est décrit par le menu dans Hollywood Babylon, y compris la complaisance de la presse.

Vous y retrouverez, au coin des chapitres, les héros connus ou (désormais) inconnus : Charlie Chaplin, Randolph Hearst, Eric von Stroheim, Frances Farmer, Fatty Arbuckle, Rudolph Valentino. Mais aussi un yacht, ainsi qu’une bouteille de coca, des couloirs secrets, une équipe de foot, et une Buick Electra…

Extraordinaire, implacable, trash, Hollywood Babylon est une lecture indispensable.

*Hollywood Babylon
Kenneth Anger
Editions Tristram




lundi 18 mars 2013


Lincoln
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Lincoln est encore la preuve de l’immense talent de Steven Spielberg : à partir d’un rien cinématographique (le biopic), il réussit à faire un film. A partir d’arguties parlementaires, il fait un film. A partir d’un personnage sans enjeu (Lincoln), il fait un film. Mieux, un film pas ennuyeux pour deux sous, mais pourtant extrêmement pédagogique. Un oxymore, dirait-on.

Bien sûr, Spielberg a dans sa besace un géant, Daniel Day-Lewis, qui livre, une fois de plus, une performance éblouissante, en faisant oublier le comédien derrière la statue imposante du Commandeur Lincoln. Bien sûr, il y a aussi une pléiade d’acteur AAA : Tommy Lee Jones en député radical irascible, David Strathairn en secrétaire d’état incrédule, Sally Field en épouse éplorée, James Spader en lobbyiste gras du bide, Joseph Gordon-Levitt en fils mal aimé, et notre chouchou Lane de Mad Men (Jared Harris) en général Ulysse Grant. Mais on le sait, tout ça ne fait pas un film.

Dès le départ, Spielberg semble même absent de sa propre œuvre, mettant en scène a minima son Lincoln. Filmé ras des pâquerettes, sans effet de manche… pour un résultat plutôt reposant ! Car il y a du boulot pour le spectateur, dans Lincoln. De la lecture, même. Des sous-titres à rallonge, façon De la démocratie en Amérique… Le film est tellement bavard que des mangeurs de pop corn (pas des jeunes, je précise) ont fui avant la fin, devant tant de travail, un dimanche soir…

Mais ce travail vaut le coup. Comme l’a très bien analysé Blandine Kriegel, dans une récente chronique de Libération « Abraham Lincoln ou la démocratie selon Machiavel », Lincoln est un travail de dessillement du peuple américain sur la démocratie. Après avoir encouragé l’héroïsme (Il Faut Sauver Le Soldat Ryan), magnifié le courage (La liste Schindler) ou l’avoir questionné (Munich), Spielberg tricote ici un film extrêmement mature : la démocratie c’est difficile, c’est un combat de tous les jours, et ce n’est pas un combat propre. Il faut, pour faire passer ses idées, acheter quelques consciences, convaincre l’aile droite et l’aile gauche de son parti (et donc mentir forcément un peu aux deux), voire même renoncer à la douceur d’une paix immédiate pour faire passer, au forceps, ses idées, i.e. ce fameux 13ème amendement.

C’est l’occasion d’une scène mémorable, où le spectateur doit s’accrocher à la locomotive Lincoln, pour comprendre les tenants et les aboutissants juridiques qui président à cette décision en urgence…

C’est là tout le talent de Spielberg : réussir un A La Maison Blanche 1865 de cinéma, sans le charme de Josh ou de Donna, sans joli drapeau américain battant au vent, sans caméra virevoltante, sans musique pompière, et pourtant, de nous accrocher au siège jusqu’au bout…




jeudi 14 mars 2013


Spielberg se prend pour Napoléon
posté par Professor Ludovico dans [ Hollywood Gossip -Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les gens ]

Après AI, Steven récidive : il s’attaque au deuxième scénario abandonné par Kubrick : Napoléon. Un projet qui tenait à cœur au Maître, qui dut lâcher prise quand la Warner lui annonça qu’elle ne suivrait pas eu égard au retentissant échec de Waterloo, le film de Sergueï Bondartchouk avec Rod Steiger.

La mort dans l’âme, Kubrick renonça à son bébé, qu’il comparait auprès de Michel Ciment « à la campagne de Russie » ; arrêter le film avant l’hiver, éviter la bataille de trop, et échapper à la Berezina. Kubrick recycla le monumental travail de préparation dans Barry Lyndon.

La question, aujourd’hui, c’est qu’est-ce qui fait courir Steven ? Qu’est-ce qui pousse Spielberg à suivre, aussi obsessionnellement, les pas de Kubrick ? Dans son chef d’œuvre, Les Corrections, Jonathan Franzen nous met en garde contre la prétention des enfants à « corriger » les erreurs de leurs parents, sous peine d’immenses déceptions…

AI était, à cette aune, un demi succès. Une première partie Kubrickienne, glaciale, sur l’adoption, la parentalité, l’humanité… La deuxième, spielbergienne, partait dans tous les sens : le robopute Jude Law, Robin Williams Dr Know, mais se terminait en beauté avec la vision prémonitoire de New York, pris dans les glaces…

Napoléon est présenté par l’auteur des Dents de la Mer comme une mini-série, ce qui est déjà de bon augure. En 3 ou 6 épisodes, on pourra donner à ce Napoléon l’ampleur qu’il nécessite. Après, Spielberg est-il le bon réalisateur/producteur pour un sujet aussi peu consensuel ? On incline à penser que non. Lincoln, Amistad, Band of Brothers, The Pacific… Toutes ces séries ou films ont été des déceptions sur le plan historique, plombé par la volonté consensuelle de Spielberg.

Le problème de Spielberg, c’est qu’il fait trop de films. Si Kubrick a cette œuvre minérale, presque parfaite, c’est qu’il a fait très peu de films. D’autant moins de chance d’en rater un. Spielberg, lui, amasse les films, comme Hitchcock. Il aime tourner. Il ne pourra pas faire œuvre, il y a trop de taches dans son CV.

Il est temps pour lui de renoncer à devenir un grand cinéaste reconnu (ce qu’il est déjà), d’expier son péché originel (avoir coupé l’herbe sous le pied d’Aryan Papers (le projet de Kubrick sur la Shoah, mort-né avec le succès de La Liste Schindler).

Il est temps de tuer le père.




lundi 11 mars 2013


Manque de culture cinématographique et paranoïa australienne
posté par Professor Ludovico dans [ Hollywood Gossip -Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Dès le titre, on comprend que CineFast ne pouvait manquer de vous narrer cette anecdote.

Rapportée par le Professora, et trouvée dans cette grande revue cinématographique qu’est Air et Cosmos, no 2344.

Dans un avion qui relie Sydney à Wellington, un jeune homme se promène avec un T-Shirt. Pas n’importe quel T-Shirt, non, mais portant l’inscription suivante :

– « My name is Inigo Montoya, you killed my father, prepare to die… »

Le CineFaster aura reconnu la réplique fétiche de Princess Bride, où Inigo Montoya, immortel Mandy Patinkin (le mentor de Carrie dans Homeland), recherche pendant tout le film le spadassin à six doigts qui « a tué son père »…

Si l’avion était empli de CineFasters, l’histoire se serait arrêtée là. Mais malheureusement, il était plein d’australiens, semble-t-il toujours tétanisés par le 11-septembre, et qui ont exigé le retrait du menaçant vêtement.

Le pauvre T-Shirt fut enlevé, et le vol reprit sa trajectoire normale. L’histoire ne dit pas quel film était programmé dans l’avion…




dimanche 10 mars 2013


Dr House vs Scrubs
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Séries TV ]

Qu’est-ce qui distingue une grande série d’une série de consommation courante ? La même différence, finalement, qu’il y a entre un sandwich jambon-beurre de chez Paul, au goût millimétré, et celui que vous vous préparez en achetant, au cœur de l’Auvergne, le pain, le beurre et le jambon…

Hier, dans un de ces épisodes désordonnés dont TF1 a le secret (épisode 2 : machin a le cancer, épisode 3, il se porte comme un charme, et caetera, et caetera), Dr House soigne une jeune fille de multiples symptômes (dérèglement du foie, migraines, etc.)

Là, le CineFaster moyen se met à hurler : mais qu’est-ce que vous foutez devant Dr House, Herr Professore ???

Bon ça va, les gars, c’est les vacances ! Y’a que la TNT aux Arcs, et même la Ligue des Champions ne passe plus en clair…

Bref, Dr House soigne cette petite, dont la mère n’est autre que Sherilyn Fenn, qui a pris quelques kilos depuis qu’elle faisait des nœuds aux queues de cerises dans Twin Peaks…. Mais je m’égare… La Professorinette a beau pronostiquer que la gamine va sen tirer (« car ils s’en tirent tous », cf. le jambon-beurre de chez Paul), pas de bol, elle y passe.

Dans une des dernières scènes, la pauvrette jette un coup d’œil désespéré à Monsieur House (ou à une de ses sbires, peu importe), qui vient de lui annoncer qu’il a finalement trouvé la raison de sa maladie :

– « Je vais mourir, docteur ?? »
– « Oui. »

Voilà, c’est fini. La mère se jette dans les bras de sa fille, quelques explications entre toubibs, générique.

Immédiatement, j’ai pensé à Scrubs. Une série beaucoup plus légère, drôle, sympa, mais capable d’engendrer de la tragédie au coin d’un gag.

Dans un épisode de Scrubs, le chef médecin (formidable John C. McGinley) vient réconforter notre héros, JD Dorian, (génial Zach Braff), qui va bientôt perdre un patient en phase terminale. « On ne peut pas les sauver tous, JD. Certains patients viennent à l’hôpital pour mourir. En fait, un sur trois meurt à l’hôpital. » À ce moment, le spectateur se rappelle, comme notre héros, qu’il a trois patients, et que oui, il faut se résigner, il en a déjà sauvé deux.

Un quart d’heure plus tard, les trois patients sont morts. L’épisode, commencé comme une guignolade, finit comme un drame. L’auteur, Bill Lawrence, a installé sa dramaturgie, a laisse le temps aux sentiments de s’installer. Il ne s’est pas contenté de sa formule (les-patients-sont-comme-des-enquêtes-policières) pour délivrer ses quarante minutes de programme.

Dr House n’est pas une grande série. Scrubs l’est.